Page 3 - Voyages&groupe n°15
P. 3

                ”L’effet papillon
A lors que le 2 juin s’est tenue la Journée mondiale pour un tourisme durable, officialisée depuis 2007 par les Nations unies, se pose toujours la question de savoir comment encourager et promouvoir cette nouvelle façon de faire du tourisme, bien dans l’air du temps.
Une étude, publiée récemment dans la revue Nature Climate Change révèle que le tourisme mondial est responsable d’environ 8% des émissions de gaz à effet de serre. Jusqu’alors évaluées entre 2,5 à 3%... La messe est dite et l’urgence est bel et bien là.
Seulement voilà, si la planète est évidemment l’affaire de tous, toute la difficulté réside à veiller aux équilibres socioculturels et écologiques, tout en favorisant le dé- veloppement économique, tant des destinations que des entreprises touristiques. L’adéquation entre la demande et l’offre est d’ailleurs la première réalité qui peut fragiliser toute stratégie touristique durable en cas de déséquilibre.
Des équilibres, à définir, donc, mais pas forcément évidents à mettre en place dans la pratique. Et pas forcément utopiques non plus. Dès lors que chacun d’entre nous, visiteur potentiel du vaste monde qui s’offre à nous, prenne conscience que l’idée que nous nous faisions jusqu’alors du tourisme doit « naturellement » évoluer. Se transformer en un voyageur éco-responsable, seul ou encadré, conscient de l’impact de ses propres comportements sur l’environnement, au sens large. C’est la fameuse théorie du météorologue Edward Lorenz : « le battement d’ailes d’un papillon au Brésil pourrait provoquer une tornade au Texas ».
Message a priori reçu, et les premiers signes sont encourageants. La sensibilité au
développement durable des clientèles touristiques française et européenne s’est ac-
centuée ces dernières années. De même, les destinations, les territoires et leurs acteurs locaux font de plus en plus preuve d’initiatives innovantes dans le domaine. Faisant de la notion de tourisme durable un argument moins omniprésent dans les discours, mais un peu plus ancré sur le terrain. Citons, par exemple, la mise en place d’un Impôt sur le tourisme durable (ITS) aux Baléares en 2016, la limitation du flux de touristes à la citadelle de Dubrovnik ou encore l’interdiction de ne plus manger de sandwichs dans certains espaces publics de Florence....
Mais si ces initiatives peuvent se justifier, voire s’imposer, elles ont aussi leurs revers. Elles ne seront pas, en effet, sans conséquences sur notre façon de voyager. Parce qu’elles induisent un certain nombre de règles de conduite. Tandis que parallèlement, les professionnels du tourisme se voient contraints à respecter de nouvelles dispositions quand ce ne sont pas des législations. C’est le cas des autocaristes, à qui on interdit de plus en plus l’accès aux centres-villes, comme vient de l’annoncer Amsterdam pour 2019. Ce qui amène à penser que ce qu’on appelle, peut-être encore aujourd’hui trop naïvement, « tourisme durable » ne sera donc pas un tourisme totalement démocratique. Mais c’est désormais un impératif, et non un choix. On l’a tous bien compris.
CATHERINE MAUTALENT / Rédactrice en chef “ VOYAGES & GROUPE 15 - JUIN 2018 - 3
Editorial
 























































































   1   2   3   4   5