Page 13 - MOBILITES MAGAZINE N°32
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                  FERROVIAIRE/ANALYSE t
essources humaines sNcF
       sous-emploi de certains personnels et la faible polyvalence de nom- breux salariés ».
côté effectifs les « recommanda- tions » préconisent la poursuite de la baisse au même rythme tout en « externalisant certaines mis- sions ». elles demandent aussi de « renégocier les accords d’entreprise sur l’organisation du travail pour le décliner au sein de chaque acti- vité ». autrement dit, il s’agirait de mettre l’organisation du travail « au plus près des différents métiers », donc de multiplier les systèmes. Une évolution structurelle en ma- tière d’organisation du travail avec « le développement corollaire d’un dialogue social décentralisé ». selon le groupe sNcF interrogé par les rapporteurs, cette évolution serait facilitée par la nouvelle organisation de l’entreprise en sociétés ano- nymes au 1er janvier 2020 (c’est nous qui soulignons, ndlr.).
autre « recommandations », la « suppression du dictionnaire des filière( 3) et la redéfinition plus large des référentiels métiers ».
Hausse structurelle et automatique de la masse salariale
le rapport s’étend longuement sur l’évolution de la masse salariale du groupe sNcF, dont la gestion serait handicapée par un système de hausses automatiques liées à l’ancienneté. Un effet Glissement Vieillesse Technicité qui caractérise les systèmes à statut, et « comporte peu de leviers pour récompenser le mérite ». le rapport passe no- tamment en revue les « primes nombreuses (70 au total) et peu incitatives », en raison de leur fai- blesse et de leur systématisation
(primes fixes et variables dont l’in- demnité de résidence à mettre en regard avec la politique du loge- ment également abordée). ces primes totalisaient en 2017 plus du tiers de la masse salariale. elle subit de ce fait une hausse struc- turelle de 2% par an « même de- puis l’arrêt des mesures d’aug- mentation générale en 2016 », avec un taux de cotisation patronale qui est passé de 32 à 36,3% de la masse salariale de 2012 à 2017. Dans ce contexte les deux « re- commandations » vont de soi, puisqu’il s’agirait de « simplifier et de rationaliser le système indem- nitaire et de renforcer son rôle in- citatif en privilégiant la prime de travail et l’indemnité de résidence », comme de « revoir les règles de progression de carrière pour en réduire l’automaticité ».
cela dit, le rapport constate que le salaire net moyen à la sNcF se différencie finalement assez peu de celui des autres professions du transport(4).
le modèle social sNcF fait l’objet d’un fin passage au crible, qu’il s’agisse de la formation( 5), de la médecine de soins(6), du logement(7) et des aides sociales jugées « au
4) Soit 2578 € par mois en moyenne contre 1900 € dans les transports routiers, 3280€ dans l’aérien et 2230€ dans les transports urbains.
5) Elle atteint 7,14 % de la masse salariale contre 3,61% dans le transport en général. Il existe vingt
« campus » spécialisés de formation que le rapport propose de réduire à ... deux ou trois !
6) Le coût du système médical SNCF est évalué à 37 M€ par an.
7) Les filiales immobilières SNCF gèrent 100 000 logements occupés par 250 000 personnes dont seulement 38% de cheminots (50 % actifs et 50 % retraités). Ce qui
« interroge » la Cour.
périmètre trop large », comme d’ailleurs les « facilités de circula- tion », qui intéressent les rappor- teurs (voir encadré).
au total, un « maintien d’avantages coûteux et nombreux qui condui- sent la SNCF à exercer des missions très éloignées de son cœur de métier ferroviaire ».
ici les « recommandations » visent essentiellement à centraliser l’action sociale du groupe vers la caisse de prévoyance sNcF (le système de sécurité sociale spécifique du groupe, ndlr.), comme à remettre dans le droit commun les allocations familiales dites « supplémentaires », ou à mettre en place une « com- plémentaire santé ». le rapport... du rapport avec la réalité interroge. son rejet du modèle intégré de l’entreprise ferroviaire, produit de l’histoire et d’une forte culture tech- nologique, conduit à détruire ce qui en fait le ciment, un « pacte social » déjà très fragilisé. ce document fait penser à la réflexion du vendeur démotivé affirmant que « le com- merce est un beau métier, mais il y a les clients ». la cour des comptes rêverait-elle d’un chemin de fer... sans cheminots ? z
MICHEL CHLASTACZ
   Mobilités Magazine 32 - Décembre 2019 - 13
 FEU SUR LES « FACILITÉS DE CIRCULATION »
Déjà en 2013 la Cour des Comptes s’était penchées sur elles. Ces « facilitées de circulation » qui permettent aux cheminots actifs et retraités de bénéficier de la gratuité sur le réseau ferré. Un avantage étendu sous diverses formes (voyages gratuits et fortes réductions) aux conjoints et enfants, voire même aux ascendants. Près de 1,3 millions de personnes seraient ainsi concernées...
Pour les rapporteurs, ces dispositions impactent « le chiffre d’affaires de l’entreprise à hauteur de 220 M€ par an » et elles ont un « effet d’éviction » de voyageurs payants.
il conviendrait de « réduire le périmètres des bénéficiaires et le nombre de trains éligibles à ces facilités ». et « de mettre en place un [...] suivi individualisé [...] afin [d’] appliquer les régimes social et fiscal des avantages en nature ».










































































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