Page 5 - MOBILITES MAGAZINE n°54

Editorial
Un vrai conte de fée ?
La transition énergétique (des transports..., notre sujet), souhaitée, voulue, voire imposée aux forceps par une multitude d’acteurs, fait parfois penser au fameux éléphant invité dans un magasin de porcelaine. Le problème fondamental de cette nouvelle révolution industrielle vient pour l’essentiel du fait que les
différents protagonistes à la manœuvre ont presque tous un agenda différent, comme l’a d’ailleurs parfaitement mis en lumière le grand théâtre de la COP26 qui vient de se terminer. Derrière les beaux principes affichés par ceux qui veulent à tout prix calmer les
angoissés de la fin du monde, chaque état impliqué joue bien sûr sa partie en fonction des cartes à sa disposition. Ne pas vouloir comprendre que derrière une façade souriante, l’Europe, la Chine, les Etats-Unis, l’Allemagne, l’Arabie Saoudite, ou la France, etc., n’ont absolument pas les mêmes atouts, idéologies et intérêts, relève presque de l’innocence coupable. Ajoutez à cela les contingences politiques propres à chaque état, et leur perméabilité plus ou moins grande à l’action des groupes de pression (lobbies ou ONG entre autres), bien malin qui peut désormais prédire le chemin qui sera parcouru dans les prochaines décennies. Il existe toutefois un dénominateur commun entre les riches apôtres de la décroissance, les adeptes de la « croissance verte », les pragmatiques, et ceux qui visent simplement à l’amélioration de leur existence : c’est sur la fée électrique que ce petit monde se trouve aujourd’hui prêt à tout miser. Oubliant un peu vite que la civilisation des énergies fossiles qui est nôtre
a mis quelque 150 ans pour atteindre son nadir (et permis de démocratiser massivement l’électricité...), ceux qui souhaitent laisser leur nom dans l’histoire le temps d’une carrière politique ne semblent pas vouloir mesurer vraiment les impacts économiques, industriels, sociaux, sociétaux et géopolitiques d’un tel changement de paradigme. Attention à ce que dans ce conte de fée, la baguette magique ne serve pas seulement - comme celle de Carabosse - à taper sur les doigts du citoyen récalcitrant, ou pas assez « éveillé » aux réalités de ce nouveau monde...
PIERRE COSSARD / Directeur de la rédaction
MOBILITÉS MAGAZINE 54 - DÉCEMBRE 2021 - 5