Page 5 - MOBILITES MAGAZINE N°60

Editorial
Les jeux sont faits,...
L’élection présidentielle a rendu son verdict, chacun attend désormais que l’essai du président de la République soit transformé aux législatives à venir. Pour autant, le fait d’avoir inscrit au menu de ce second quinquennat le principe d’une « planification écologique », ou le choix d’Elisabeth Borne
pour Matignon, laissent augurer d’un verdissement rigoureux, voire quelque peu rigide, de la politique à venir. Les idéologues de l’écologie pointeront du doigt le fait qu’il faut tout accélérer, quoi qu’il en coûte, face aux dangers qui menacent la planète. Les penseurs libéraux ne manqueront pas de mettre en avant, à grand renfort d’exemples historiques avérés, tout le mal qu’ils pensent, eux, du concept même de planification. Quant aux moins dogmatiques des observateurs, ils s’interrogeront sans doute plus sur les délais et les objectifs affichés que sur la justesse de mettre au point un plan pour faire évoluer les mobilités de notre société. Bien malin celui qui peut dire où est la vérité. Problème pour les nombreux apôtres de la pensée rigide, le
contexte général du moment (guerre, tension sur les approvision- nements énergétiques, remise en cause du bienfondé des énergies renouvelables, inflation, endettement, dissension politique au sein de l’Union Européenne, grogne sociale, etc.) pencherait plutôt en faveur d’un clairvoyant pragmatisme. Une attitude de bon sens qui
risque toutefois de remettre en cause quelques grands principes jusque-là indiscutables pour la plupart des activistes du climat. Une voie à suivre qui risque aussi de mener à diverses injonctions contradictoires difficilement supportables, non seulement pour le grand public des électeurs/citoyens/contribuables, mais aussi pour les industriels et ceux qui organisent la mobilité de notre société. Autant dire que les temps à venir risquent peu d’être un long fleuve tranquille...
PIERRE COSSARD / Directeur de la rédaction
MOBILITÉS MAGAZINE 60 - JUIN 2022 - 5