Page 3 - MOBILITES MAGAZINE N°18
P. 3

                 Editorial
Rentrée dans le vif du sujet
Ce mois de septembre qui commence a quelque chose de particulier pour l’univers des transports collectifs. En effet, le chantier de la réforme de la SNCF étant désormais sur la voie, du moins aux yeux du gouvernement, la prochaine étape va consister en la présentation de la Loi d’orientation des mobilités, la fameuse LOM tant attendue. Dans un monde interconnecté comme le nôtre, et dans une société dont la santé économique repose pour l’essentiel sur les flux - d’informations, de capitaux mais aussi de population - le
transport est plus que jamais au carrefour de toutes les préoccupations. Modifier une réglementation, une chaîne de responsabilités, une norme peut impacter des équilibres bien au-delà de la simple bonne intention. Un exemple simple, non directement lié au texte porté par Elisabeth Borne, notre ministre des Transports, est révélateur de la fragilité de toute dentelle réglementaire. Afin de lutter contre la pollution atmosphérique, et puisque le diesel est désormais l’incarnation du Mal de notre civilisation, Paris comme l’Ile-de- France, et plusieurs autres collectivités, veulent le bannir de leurs territoires aux alentours de 2024. Un choix vertueux, dicté par l’urgence et le bon sens diront ses promoteurs. Soit. Face à ces mesures, oublions les automobilistes concernés, ils s’adapteront par la force des choses, et puis c’est pour leur bien, non ? En revanche, une telle interdiction impactera aussi les fameux autocars Macron, qui ont, eux, la vertu de proposer à tous un mode de transport économique, remplacent sur les routes au moins une vingtaine de voitures par véhicule, et se trouvent être bien utiles en cas de défaillance du rail. Seulement voilà, la grande majorité d’entre eux roulent au gazole, car c’est encore le seul moyen connu pour effectuer des services de plus de 300 kilomètres entre deux villes.
Ces cars auront-ils droit à un statut particulier, ou seront-ils relégués aux périphéries éloignées de l’agglomération ? Ce qui pourrait signer leur arrêt de mort. Les plus optimistes des croisés anti moteur thermique vous diront que la technologie - la même qui nous a mené à la situation écologique délicate qui est la nôtre - résoudra tous ces problème plus vite que nous l’imaginons. Généralement, chercheurs et ingénieurs, qui savent eux de quoi ils parlent, sont plus modestes. A qui l’avenir donnera-t-il raison ? A moins qu’il ne s’agisse, comme souvent, d’une affaire de gestion intelligente du temps...
Fort de ce type d’exemple, la LOM à venir devra donc être abordée, analysée, et discutée, avec le même pragmatisme et la même lucidité qui doivent nous guider dans la perception des nouvelles technologies liées à la transition économique ou à l’autonomie des véhicules. Une démarche que nous avons justement tenté de faire nôtre sur ce dernier sujet dans ce numéro de rentrée de Mobilités Magazine.
PIERRE COSSARD / Directeur de la publication
   MOBILITÉS MAGAZINE 18 - SEPTEMBRE - 3
      


























































































   1   2   3   4   5