Page 21 - MOBILITES MAGAZINE Thématique n°3
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                  Technologie
 seaux adjoignent un complément « numérique » à leur billettique tra- ditionnelle. A Amiens, les valideurs ont été connectés pour effectuer la mise à jour en temps réel des comptes des clients. Mais le plus souvent, l’ajout est opéré pour ap- porter une nouveauté aux clients : le M-ticket (achat du billet sur té- léphone) ou le post-paiement. Nantes a procédé à ce genre d’hy- bridation avec sa carte de post-paie- ment. Elle ne comporte effective- ment rien d’autre que l’identifiant de son propriétaire, mais le dialogue avec le système central ne se fait pas en temps réel. Il se fait à l’an- cienne, lors du déchargement des valideurs par wifi, le soir au dépôt. En retour, les valideurs reçoivent les listes actualisées des utilisateurs au- torisés sur le réseau pour le lende- main.
Le mode de consommation des Millenials
La ville a bataillé avec Conduent, son billetticien historique, pour qu’il mette en place cette carte de post- paiement. Mais elle estime qu’il lui enacoûté7M€aulieude20.
« Les acteurs de nouvelle généra- tion ont deux grands atouts en poche, estime Jean-Philippe Amiel. Ils correspondent aux nouveaux modes de consommation. Le post- paiement en est un. Cette factura- tion à l’usage plaît aux Millenials, qui ne veulent pas se prendre la tête pour savoir quel type de billet acheter, ni où, ni comment avant de prendre le bus ou le métro. Uber, Citymapper, tous les modes de dé- placements connectés fonctionnent comme ça. Deuxième atout : la dé- matérialisation, le smartphone. Au- delà, l’horizon, c’est le MaaS, tout dans le téléphone pour déverrouiller, pour accéder, pour payer tous les services. Depuis 10 ans, les opéra- teurs de téléphone ont fait de la ré- sistance grâce à leur carte Sim. C’est fini. Les constructeurs de téléphone
ont remporté la mise avec leurs lo- giciels de facturation mobile : Sam- sung Pay, Apple Pay, Google Pay ; Huaweï, le Chinois expulsé. Et le geste fait à l’aide du téléphone à l’entrée des transports publics, pro- bablement devant un tag, finira par s’imposer. C’est plus facile. Avec l’in- convénient que ces acteurs-là ont pour vocation d’accumuler les don- nées personnelles ».
Un marché encore en devenir
En attendant, le transport par le biais du téléphone ne représentant que 5 à 10% du marché, la carte sans contact a donc de beaux jours de- vant elle. En parallèle, d’autres tech- nologies simples existent qui ne de- mandent rien aux constructeurs de téléphone et coûtent beaucoup moins cher aux opérateurs de trans- port : le Qr Code et la carte bancaire. Elles ont toutes les deux les faveurs de bien des start-ups actuelles de la billettique.
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Frédéric Pacotte, co-fondateur de MyBus:«Onest venu nous voir pour l’information- voyageur et l’achat sur téléphone »
La confrontation avec les acteurs « carte centriques » reste centrale, mais des signes de rapprochement apparaissent aussi. Ubitransport a adhéré à l’association Calypso.
« Et si les systèmes « cartes cen- triques » se connectaient ? S’ils évo- luaient vers du back-office centrique, suggère Jean-Paul Medioni, PDG d’ Ubitransport. En adhérant à Calypso et en nous ouvrant nous-même à l’hybridation de nos systèmes connectés, nous permettons à nos clients de passer ce cap ».
Entre systèmes « carte centriques » et « back-office centriques », la par- tie n’est pas jouée. Elle risque de passer sous les radars à cause d’en- jeux plus gros, comme Maas, comme le montre l’absorption de ritmx, le spécialiste en billettique de la SNCF dans son pôle numé- rique, e-voyageurs.
Mais elle déterminera ce que nous aurons dans la poche, demain, pour nous déplacer.
HUBERT HEULOT
 MOBILITÉS MAGAZINE THÉMATIQUE - OCtObrE 2019 - 21
  


















































































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