Page 45 - MOBILITES MAGAZINE N°28
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                  Opérateurs & réseaux
 Jean-Michel Blin, directeur RGO Mobilités
«30%de variation dans la facture d’électricité, selon les conducteurs ». T
mères. Dans l’électrique, l’humain est beaucoup plus crucial », ex- plique Patrick Mignucci. Pour lui, il oblige à réviser les fondamentaux du métier de transporteur, no- tamment l’exploitation. La topo- graphie des lieux traversés (en montée, en descente), les km commerciaux, les km en hauts- le-pied : dessiner une ligne en fonction de la charge des batteries oblige à tenir compte de tout. Julien Bahri, responsable commer- cial chez Dietrich Carebus, impor- tateur de Yutong en France, rela- tivise. « En France, on s’inquiète beaucoup de l’autonomie des vé-
hicules. Nous passons beaucoup de temps. Nous livrons des cars avec garantie pour 220 km. J’ai vu des clients pousser à 300 km sans problèmes. Il n’y a aucun souci à utiliser toute la charge. Nous avons installé une limite à 12% ». tout exploitant de véhicules à « énergie nouvelle » se soucie aussi, immé- diatement, de la durée de vie des batteries. Ce à quoi les construc- teurs répondent par des années de garanties. A Nantes, qui est en train d’incorporer des bus élec- triques à son réseau, elle est de sept ans. En ne les utilisant pas en dessous de 50% de charge, la ville espère les faire durer 10, 12, 13 ans.
Les « chevaliers blancs » de l’environnement
Les « nouvelles énergies » vont générer une grande période d’ap- prentissage chez les transporteurs et dans les réseaux. En particulier du côté des exploitations. Les bat- teries, comme les piles à hydrogène sont des sujets tout neufs. « Pour le moment, mon objectif est de
tenir nos coûts, confie Arnaud Binder, à Pau. A plus long terme, je compte sur la qualité de nos mécaniciens, qui sont des bons, pour progresser. Tout l’enjeu sera ensuite de les garder ».
Un souci que partage Patrick Mi- gnucci à Paris, dont les agents de maintenance se font parfois dé- baucher par les constructeurs eux- mêmes. Mais, comme tout petit transporteur, il craint plutôt de se faire « cannibaliser » ses nouvelles ressources humaines dans les « nouvelles énergies », classique- ment par les grands réseaux ur- bains. Si les impératifs de transition énergétique redoublaient, ce serait sans doute le genre de situations à anticiper. Patrick Mignucci sug- gère : « Pour mettre fin à toutes nos pénuries, il ne faut pas oublier de motiver les jeunes. S’ils nous rejoignent, ils rejoignent les che- valiers blancs de l’environne- ment ».
Au centre de formation d’apprentis (CFA) de Mouilleron-en-Pareds, en Vendée, à la Maison familiale rurale qui vient de démarrer un Bac Pro de mécanique autocar, les jeunes en formation n’ont pas ce réflexe. « Pour eux, la mécanique, au dé- part, c’est l’auto et la moto, raconte Steven Brisseau, le responsable de la formation. Mais souvent à l’occasion d’une visite en entre- prise, ils sont séduits par l’autocar. Leur regard change une fois qu’ils ont ouvert la porte d’un garage. Ils se passionnent. L’évolution des techniques y contribue notamment les véhicules électriques et hy- brides ».
Une fois le 1er Bac Pro obtenu en 2021, le CFA envisage de créer un BtS et un Certificat de qualification professionnelle. il réfléchit déjà à la façon d’y inclure une véritable formation aux « nouvelles éner- gies ». Peut-être le genre d’initia- tives à multiplier. z
HUBERT HEULOT
 MobiLités Magazine 28 - JUiLLEt/AOût 2019 - 45
 





















































































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