Page 5 - MOBILITES MAGAZINE n°55
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 Editorial
Bill Murray président !
V Vous savez ce qui séduit dans le film Un jour sans fin ? Le fait que Bill Murray profite de la « boucle temporelle » dans laquelle il se trouve enfermé pour apprendre ce qu’il n’avait jamais eu le temps de faire. Peu importe les raisons qui le poussent à s’enrichir de la sorte, il s’appuie sur l’expérience accumulée, et ses erreurs, pour tendre vers le meilleur de lui-même. Peut-on en dire autant de notre pays, et de ses
dirigeants qui, deux ans maintenant après l’arrivée d’un petit virus asiatique, s’interrogent encore sérieusement sur la nécessité, ou non, de ré-enfermer la France ? L’objectif est, rappelons-le, toujours le même. Il s’agit d’éviter que n’explose aux yeux de tous un hôpital public délabré par une gestion purement comptable depuis trente ans. En résumé, il ne faut surtout pas que certains de nos édiles soient clairement mis face à leurs responsabilités et leur vision « à la petite
semaine ». Une habitude de fonctionnement fort éloignée de ce qui est attendu par leurs électeurs.
Dans un autre registre, les mêmes causes produisant les mêmes effets (n’en déplaise aux Shadoks) le manque de réflexion concernant la politique énergétique du pays, voire son absence, nous mène peut-être vers un précipice qui nous fera oublier l’épidémie du moment. A quoi assistons-nous en effet ? L’Union européenne, et singulièrement la France, aiguillonnées par la grande peur du réchauffement climatique, et soumises à la pression constante de lobbies politiques autant qu’industriels, orientent à marche forcée notre civilisation vers un monde tout électrique. Problème, elles ne semblent pas s’être donné la peine de s’intéresser à la production de cette même électricité. Après l’argent magique, la tout aussi magique énergie renouvelable nous est servie à toutes les sauces. Seulement voilà, 2021 restera comme l’année la moins venteuse de la décennie, diminuant d’autant le rendement déjà médiocre des très subventionnés parcs éoliens. Parallèlement, le solaire reste en hiver à la production électrique de masse ce qu’un chauffage d’appoint est au maintien d’une température minimale au
château de Chambord. Pire, dans un pays plutôt vertueux comme le nôtre en termes de rejet de gaz à effet de serre, et de CO2 en particulier, certains s’acharnent encore, par pure idéologie, et ce au plus haut de l’Etat, à vouloir ostraciser plus ou moins définitivement notre atout principal : le nucléaire. L’absence d’investissements intelligents, la vente à l’encan de certains de nos fleurons industriels, l’acceptation des diktats pro-gaz d’une UE sous influence germanique, la fermeture de réacteurs en parfait état de marche, et les atermoiements multiples qui caractérisent en la matière la vie politique de ces vingt dernières années, nous placent désormais dans une situation où certains s’interrogent sur la possible pénurie d’électricité au cœur de l’hiver à venir...
Qu’en sera-t-il après-demain, lorsque, bon citoyens ou respectueux opérateurs de transports que nous sommes, nous roulerons tous en voitures, bus et vélos électriques ? A ce niveau d’anticipation, l’avenir des transports pourrait bien être en Europe à la charrette à bras... pour sauver la planète.
   PIERRE COSSARD / Directeur de la rédaction
MOBILITÉS MAGAZINE 55 - JANVIER 2022 - 5
      
























































































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