Page 3 - MOBILITES MAGAZINE N°42

Editorial
Chronique d’une déconfiture annoncée
La deuxième vague de l’épidémie de Covid-19 est là. C’est du moins ce que l’on s’évertue à nous faire comprendre à longueur d’antenne à la radio et sur les chaînes de télévision d’infos en continu. Ce qu’il nous faut bien percevoir, mais cette fois quelque peu entre les lignes, c’est que toutes les mesures de restriction qui font
aujourd’hui notre quotidien n’ont en final qu’un objectif. Eviter à l’hôpital public, le véritable grand malade de la période, de s’écrouler sous le poids des entrées en réanimation. Il s’agit semble-t-il de pousser sous le tapis la faillite retentissante d’un modèle de gestion des services publics largement partagé par l’ensemble de la classe politique occidentale. En clair, on nous rejoue presque le fameux « responsable, mais pas coupable », en minimisant au maximum la notion même de responsabilité. Sans doute l’Histoire jugera-t-elle comme il se doit
les tenants et aboutissants de cette déconfiture.
Par ailleurs, en attendant la grande dégringolade économique qui ne manquera pas de suivre dans les mois qui viennent, on infantilise et on culpabilise aussi à tour de bras. Cette fois ce sont les jeunes, qui ont le tort de vouloir vivre comme des... jeunes gens qu’ils sont. Demain ce seront les plus anciens, ceux qui forment les gros bataillons des « personnes à risques », qui se verront tacitement reprocher de ne s’être pas naturellement auto- confinés. Viendra ensuite le tour de ceux qui, victimes d’une campagne d’information infantilisante et anxiogène pendant des mois, rechigneront certainement à l’idée de retourner au travail comme avant, « pour relancer
la machine économique ». Vous l’aurez compris, dans ce tour de table des « responsables » du désastre en cours, il semble que ce soient toujours les mêmes qui se prévaudront d’avoir les mains propres. Mais comme cela fait partie des gestes barrières...
PIERRE COSSARD / Directeur de la publication
MOBILITÉS MAGAZINE 42 - NOVEMBRE 2020 - 3