Page 3 - Voyages & Groupe n°34
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Editorial
”Dormez... tranquille ?
Le tourisme est aujourd’hui anesthésié. La perfusion gouvernementale, à base de chômage partiel, de prêts garantis et de reports/annulations de charges lui ferait presque oublié qu’il est sans doute le secteur le plus durablement impacté par la crise économique qui monte en puissance. Seuls à être restés éveillés en cette fin de printemps, les autocaristes, largement
oubliés dans les premières versions du désormais fameux Plan Tourisme. Cependant, à force de tractations, de mobilisation de certains parlementaires (notamment au Sénat) et de quelques manifestations parisiennes, ils sont, semble-t-il, en passe d’y trouver leur place.
Pour l’instant, l’ensemble de ces aides, et le principe du non
remboursement immédiat des réservations (un coup de force qui
restera toutefois dans les mémoires des consommateurs), ont donc
globalement permis d’empêcher le naufrage immédiat de toute une
filière. Pour autant, malgré le relatif confort de la situation, il paraît
dangereux pour tous ces acteurs d’attendre benoitement que vienne
le tant attendu retour à la normale, voire mieux, le fameux rebond de consommation touristique prophétisé par certains des plus optimistes. Plusieurs éléments devraient en effet sonner le réveil des professionnels.
La crise sanitaire parcoure toujours à son rythme une planète devenue peureuse, parfois hygiéniste, et qui n’est plus désormais un village global. Le retour au monde d’avant, si il a lieu un jour, ne se fera pas d’un coup de baguette magique. Les spécialistes de l’aérien ne prédisent guère un retour à une forme de normalité avant 2022, voire 2023. Reste, enfin, le consommateur, qui a subi pendant des semaines un matraquage d’informations destinées à lui faire intégrer le concept simple du « restez chez vous ». On a donc savamment refroidi ses envies de voyage par les images de touristes en attente de rapatriement. On l’a effrayé en lui faisant découvrir que des trains, des avions, des autocars, des navires de croisières étaient autant de « clusters » potentiels. Plus subtilement, il a pu se trouver désappointé de découvrir que les agences, les TO et les compagnies aériennes, qui lui garantissaient pourtant depuis toujours un professionnalisme à base de « confiance » et de « garanties », ne se montraient guère enclins à lui rembourser avant 18 mois des voyages, pourtant impossibles à effectuer...
Enfin, ce même consommateur va désormais découvrir les affres de la crise économique, qui fera elle,
à n’en pas douter, plus de dégâts encore, que le Covid-19.
Autant dire que le secteur du tourisme, quel qu’il soit, doit se réveiller dès maintenant de la torpeur
dans lequel le plongent aujourd’hui les aides d’Etat, car il y a véritablement un marché à reconstruire
de toute pièce, et des consommateurs à reconquérir. “
 Pierre Cossard/ DiRECTEuR DE LA RéDACTiOn
VOYAGES & GROUPE 34 - JUIN 2020 - 3
















































































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