Page 14 - MOBILITES MAGAZINE N°43
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ÀlaUne
INTERVIEW/Alain-JeanBerthelet Présidentdel’associationRéunir t
Inventer une nouvelle périod
Le tissus des PME du secteur autocariste ont pris de plein fouet les mesures de restriction de circulation
qui sont le quotidien de l’Hexagone depuis mars 2020. Quelle forme devra prendre la sortie du tunnel actuel ? Eléments de réponse avec Alain-Jean-Berthelet, président de l’association Réunir.
: L’année se termine. Comment
entrevoyez-vous 2021 ?
Alain-Jean Berthelet : Ça va être compliqué. Comme les individus face à l’épidémie, toutes les en- treprises du secteur ne vont pas sortir de cette période dans le même état. La plupart des entre- prises ont clos leur exercice en août, avec six mois d’impact de la crise en 2020, et sans doute sur tout l’exercice en 2021. Cela com- plique la reprise. Il va nous falloir retrouver de la visibilité pour nous engager vis-à-vis de nos fournis- seurs. Nous souhaitons tous exercer de nouveau notre métier comme avant mais pour cela, il va falloir inventer une nouvelle période de l’économie.
: Que voulez-vous
dire ?
A-J.B. : On n’a jamais vécu ça. Tout a été mis à l’arrêt mais rien n’est cassé. Comment redémarrer ? L’ac- compagnement de l’Etat s’arrêtera, mais notre activité, elle, ne repartira pas à 100%. On l’a vu lors du pre- mier déconfinement. Les gens ont privilégié le transport individuel et le télétravail. Il manquera 30 %, peut-être 50 % du chiffre d’affaires. Nous allons devoir redessiner nos charges. Il y aura des licenciements, des suppressions d’emplois. Nous ne pourrons sans doute pas redé- marrer à coûts constants, mais plu- tôt décroissants. Pour cela, nous allons devoir aussi mutualiser beau- coup de produits, beaucoup de
commercialisations. En outre, le contexte sanitaire a changé. Nous aurons beaucoup à communiquer, à expliquer, à rassurer sur les as- pects sanitaires, la climatisation, le renouvellement d’air, etc.
: Dans quelle situation se trouvent les
entreprises aujourd’hui ?
A-J.B. : Chefs d’entreprises et sa- lariés vivent dans l’anxiété face au virus. Lors de la première vague, nous nous sommes adaptés aux textes et aux règles, prenant toutes les précautions. On se disait : tout va reprendre en septembre-octo- bre. Et là, coup de massue ! Tout ferme ! En Auvergne-Rhône-Alpes, des malades ont été transférés par centaines vers d’autres régions. Chacun connaît une personne tou- chée. Comment cela s’est-il produit ? Apparemment, des contaminations dans la sphère privée d’abord ? Mais comment redémarrer sans savoir comment faire mieux, alors qu’on avait déjà pris toutes les précautions ?
: Et la santé économique des
entreprises ?
A-J.B. : Grâce aux aides gouverne- mentales, la question de leur survie ne se pose pas. Mais nous vivons à crédit. Accès aux prêts garantis par l’Etat jusqu’en juin ! Le réveil risque d’être douloureux, compte tenu de nos marges faibles. Il va falloir être imaginatifs. Nos PME, aux fonds propres limités, afficheront des taux
14 - MOBILITÉS MAGAZINE 43 - DÉCEMBRE 2020
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