Page 6 - MOBILITES MAGAZINE N°11
P. 6

                 Actualités / JANVIER
Blue Solutions : objectif, une batterie marchant à 40°C
 ÉQUIPEMENT
En fêtant ses 20 ans de collaboration avec l’Insti- tut de Matériaux de Nantes (IMN), le groupe Bolloré se promet de faire fonctionner ses batteries à 40° Celcius. Et parie sur le recyclage. Le len- demain du démarrage de ses Blue Cars à Singapour, le groupe Bolloré a fait le point, le 14 décembre, à l’IMN sur sa batterie LMP (Lithium Métal Polymère) qui équipe entre autres 200 microbus et 50 Bluebus à Paris.
« En 1997, quand notre colla- boration a commencé, elle re- présentait un risque énorme pour nous, puisque le groupe Bolloré nous demandait d’aboutir à un prototype de batterie commercialisable dans une technologie Lithium Métal que les plus éminents col- lègues rejetaient. Nous en sommes contents aujourd’hui puisque c’est celle qui a trouvé une issue sur le marché », ex- plique Dominique Guyomard, directeur à l’Institut des Ma- tériaux de Nantes, de plusieurs programmes de recherches, menés depuis vingt ans aux côtés du groupe Bolloré. L’exploitation de la Blue Car depuis 2011 à Paris permet à Marc Deschamps, responsable delamiseaupointetdela production des batteries dans le groupe Bolloré, de dresser un bilan positif. « Après plus de 200 millions de kilomètres parcourus, nos batteries ont prouvé leur robustesse. Nous pensions qu’il en faudrait deux dans la vie d’une voiture. C’est le contraire. En fin de vie d’un véhicule, nous pourrions re- prendre la même batterie pour
Deg.àd.:Guy Ouvrard, ancien directeur de l’Institut de Matériaux de Nantes (IMN), Dominique Guyomard, directeur de recherches à l’IMN, Marc Deschamps du groupe Bolloré et Florent Boucher, directeur actuel de l’IMN.
qu’elle en propulse un second toute sa propre vie. Cela dit, compte tenu des progrès en cours sur d’autres points, comme le recyclage, il n’est pas sûr que nous en viendrons là. Mais le nombre de cycles de production de nos batteries paraît très largement suffisant. Elles ne perdent pas en capa- cité. Elles ne s’altèrent pas en charge constante. Elles sont solides. Un trou dedans et elles continueraient à fonctionner. Au moment où tout le monde parle de se détourner de la batterie Lithium-ion au profit de batterie Lithium Metal Po- lymère, nous allons continuer de l’améliorer pour conserver notre avance ».
Recycler à basse température
Avec l’IMN et trois autres in- dustriels (Solvay, Armor, Re- cupil), le groupe Bolloré est engagé dans un programme de recherche ayant notam- ment pour objectif de limiter à 40°C la température néces- saire, au lieu des 65°C actuel- lement, pour faire fonctionner sa batterie LMP. « Une difficulté
qui n’est pas propre à la batterie LMP. On oublie souvent de dire que la pile à combustible a besoin d’une température de 80°C », glisse en souriant Do- minique Guyomard.
Marc Deschamps circonscrit le souci en industriel de la mobilité : « ce n’est pas un problème à l’échelle d’un bus quand les batteries sont pla- cées sur le toit. Dans une voi- ture individuelle, une quantité d’énergie trop importante est consommée pour atteindre cette température de 65 °C ». Dans ce programme, le groupe Armor s’intéresse particuliè- rement à ce que les collecteurs de courants - sa spécialité - ne se corrodent pas au point de nuire à la batterie elle- même. Solvay, le groupe de Chimie, fournit les polymères. Quant à Récupil, il dispose de techniques de recyclage à basse température, un peu plus intelligentes que de sim- plement tout brûler pour ré- cupérer le matériau actif.
Le saut technologique espéré par les quatre industriels et l’IMN explique, selon Marc Deschamps, la quasi-sortie de
bourse de Blue Solutions, au printemps dernier, par le biais d’un programme de rachat d’actions par Bolloré. « Nous restons côtés, fait-il remarquer. Mais nous sommes ainsi plus tranquilles, moins scrutés par les actionnaires, pour déve- lopper nos nouvelles solutions technologiques »
Ensemble, l’IMN et le groupe Bolloré repartent sur une autre collaboration autour d’un pro- gramme de batteries au so- dium. « Inenvisageables dans le domaine de la mobilité », précise Marc Deschamps. Mais pas dans les batteries sta- tionnaires comme celles des éoliennes marines.
Avant que ces différentes re- cherches produisent leur fruit, Blue Solutions compte entre autres participer avec ses produits actuels à la poussée de l’électrique à la RATP. Et affirme vouloir très fort qu’un Airbus de la batterie se mette en place au niveau européen. Sinon, les batteries « qui se- ront le pétrole de demain », seront chinoises. Ou in- diennes. Ou... z
H.H.
 6 - MOBILITÉS MAGAZINE 11 - JANvIER 2018
 

















































































   4   5   6   7   8