Page 5 - Mobilités Magazine Thématique n°12
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 Editorial
 Les quatre cavaliers de l’apocalypse énergétique
Ne nous y trompons pas, l’apocalypse dont il est ici question est à considérer au sens littéral du terme. Pour mémoire, ce mot est tiré du latin apocalypsis, qui signifie révélation, lui-même emprunté au grec apokálupsis, qui voulait dire dévoilement. Ainsi, lancés têtes baissées que nous sommes dans une transition énergétique vertueuse
pour notre devenir, commençons-nous à en mesurer certaines conséquences. Qu’il s’agisse de l’électricité, de l’hydrogène, du gaz naturel ou des substituts aux carburants fossiles, tous abordés dans les colonnes qui vont suivre, leur développement à marche forcée a - et aura - des implications fondamentales. Comme pour toutes les civilisations qui ont précédé la nôtre, la quête d’énergie est au cœur de notre construction. Au fil des siècles, nous avons donc accumulé les sources possibles, sans jamais rejeter totalement celles qui avaient précédé. Le modèle qui est aujourd’hui tenté par les chantres du « monde d’après » impliquerait en revanche une rupture totale avec le modèle d’avant, et ce en un temps qui apparait désormais incompatible avec une évolution sereine de nos sociétés. Sauf à succomber aux sirènes d’une décroissance brutale, qui sera forcément synonyme d’explosion sociale et de rupture sociétale violente, il va falloir en urgence se poser devant les conséquences des décisions qui sont prises aujourd’hui, et expliquer clairement l’objectif à atteindre et la nature exacte du chemin à parcourir. Opérer une vraie transition d’un modèle de civilisation à un autre ne se fera pas le temps d’un mandat, ni même en une décennie, sans que cette rupture ne provoque un rejet des populations malmenées. Le recours massif, forcé, voire exclusif, à l’électricité plutôt qu’aux énergies fossiles, par exemple dans les transports, est symptomatique de cette vision à courte vue qui peut mener l’ensemble du secteur à la crise. Les technologies sont-elles adaptées aux besoins ? Avons-nous les moyens de production électriques suffisants pour alimenter cette révolution ? Avons-nous simplement les ressources financières ? Quelles implications sociales pour ce changement de paradigme ? Quels impacts écologiques engendrera- t-il ? Autant de réflexions qui commencent désormais à se révéler fondamentales pour nombre d’observateurs plus marqués par le bon sens et une vision à longs termes que par l’idéologie. Sans doute est-il encore temps de prendre un peu de recul face à une fin du monde qui ne sera peut-
  être pas celle que l’on croit...
PIERRE COSSARD / Directeur de la publication
 MOBILITÉS MAGAZINE THÉMATIQUE - DÉCEMBRE 2021 - 5




























































































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