Page 36 - MOBILITES MAGAZINE N°30
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                             Politique & institutions
  ment, c’est comme la dégradation du matériel qu’induirait la gratuité. encore une idée fausse. ce n’est pas ce qui s’est passé dans nos villes. Je viens d’annoncer que nous aurions six bus à hydrogène dans les quatre ans qui viennent. ce ne sont pas des investisse- ments ? et que nous allons ainsi réduire le bruit dans la ville. ça ne répond pas aux défis du temps, cela ?
: La gratuité serait- elle à envisager surtout dans
les villes moyennes ?
GA : comme service public ouvert à tous, elle me paraît avoir plus de potentiel que cela. a château- roux, la première motivation de mon prédécesseur, qui l’a décidée, était l’efficacité : que l’argent public ne soit plus gaspillé dans le sens
où il ne servait pas à grand monde. la gratuité est un choix à étudier en fonction de chaque territoire, de son histoire.
tout le monde était d’accord là- dessus, aux 2e rencontres inter- nationales. de plus, c’est un choix à ne pas faire à la légère, il est ir- réversible. difficile de revenir en arrière. mais à châteauroux, nous le referions sans hésiter. au- jourd’hui, il est encore déterminant dans le renouveau économique de la ville. h&m ou la Fnac se sont installés en centre de châ- teauroux en partie à cause de cela. louis Vuitton vient de racheter les bâtiments d’un supermarché, dans le centre, pour bâtir un atelier de maroquinerie pour 500 salariés. pas très loin, il en crée un deuxième, plus grand, pour her- mès, qui emploiera 150 personnes.
Son modèle d’usine en zones ru- rales ne lui convient plus. il n’arrive plus à recruter autour. la gratuité des transports a joué un rôle im- portant pour le rassurer à ce sujet.
: Pourtant, les milieux économiques, à
travers le Medef, se font beaucoup entendre en ce moment contre la gratuité. GA : oui, ils font même peser l’un des plus graves dangers actuels contre la gratuité des transports publics. ils demandent que le ver- sement transport ne puisse plus être utilisé par des réseaux de transport gratuits. Je peux les com- prendre jusqu’à un certain point dans des cas très particuliers. Sou- vent le passage à la gratuité des transports a été financé par une augmentation du versement trans- port. Je comprends donc que le medef réagisse. et ailleurs, les en- treprises paient 2% de versement transport sans que leurs salariés bénéficient du transport gratuit. mais l’exemple que je viens de vous donner dans ma ville, comme d’autres, devraient les faire réfléchir. a châteauroux, le président de la chambre de commerce et d’in- dustrie se montre dithyrambique sur notre réseau. a dunkerque, nous raconte son maire, patrice Vergriete, le même président de cci réclame même qu’il augmente le versement transport pour dé- velopper encore. cela devrait aler- ter. Si nous devions refaire payer les utilisateurs de nos transports, il y aurait beaucoup de mécon- tentement. le versement transport est le seul moyen dont nous dis- posons en France pour investir dans le transport public. d’ailleurs nous, tenants de la gratuité, nous avons prouvé que nous le faisions. la gratuité n’est qu’une des ma- nières de le développer. .z
PROPOS RECUEILLIS PAR HUBERT HEULOT
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      Le versement transport est le seul moyen dont nous disposons en France pour investir dans le transport public.
  36 - MOBILITÉS MAGAZINE 30 - octobre 2019
         

















































































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