Page 3 - MOBILITES MAGAZINE N°17
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                 Editorial
Vérités d’hier, d’aujourd’hui, et de demain...
Il fut un temps où l’automobile libérait les peuples et les énergies. Un temps où les tramways et autres trolleybus étaient tellement désuets qu’ils furent remisés au chapitre des belles idées archaïques. Un temps où les pauvres, les gens de rien comme on dirait aujourd’hui, se rendaient en vélo à leur travail, alors guère éloigné de leur domicile. Un temps où, pour refuser de trop « emmerder les Français », on
ouvrait le cœur des villes à la circulation et l’on promettait à tous le droit d’aller découvrir toujours plus loin combien le monde est vaste. Mais ça, c’était avant. Avant que ce modèle de développement n’aboutisse à une catastrophe écologique désormais quantifiable. Alors, les mêmes bonnes âmes qui, il
y a 50 ans, nous vantaient les mérites libératoires de la voiture, ont aujourd’hui décidé que notre bonheur allait devoir passer sous d’autres fourches caudines.
Signe des temps, et pour qu’un immobilisme coupable ne leur soit plus reproché, les voilà aujourd’hui prêts à accélérer un processus de révolution sociétale dont nous sommes collectivement bien en peine de discerner l’aboutissement réel.
Le temps de l’agitation est venu, aiguillonné par quelques perspectives électorales, sans doute compréhensibles, mais certainement mauvaises conseillères. Le transport collectif, tributaire qu’il est de la décision politique, se retrouve en première ligne de la grande croisade environnementale du moment. A la vitesse d’un tweet, voilà le moteur thermique classé dans les nuisibles, le possesseur d’une automobile « classique » rangé dans la catégorie des individus dangereux, et l’exploitant d’une flotte de véhicules thermiques sommé de changer immédiatement de cap. Les industriels subissent et tentent de répondre au mieux aux injonctions souvent contradictoires.
Les citoyens, du moins ceux qui, majoritairement, se gardent de proclamer leur foi
extatique dans la révolution verte, regardent tout cela d’un œil désabusé, attendant surtout de voir combien leur coûtera toute cette agitation.
Les modèles supposés vertueux risquent donc de s’enchaîner de façon accélérée dans les temps à venir, avant, bien souvent, et surtout bien plus vite qu’avant, de tomber dans l’oubli de la déconfiture économique, voire même écologique.
Pour les observateurs que nous sommes, ces temps sont bien sûr passionnants de richesse et d’inventivité. Ils sont aussi révélateurs d’un manque cruel de réflexions et de visions à longs termes, signes toujours avant-coureur d’une catastrophe possible... Il est certainement temps de relire Hegel.
PIERRE COSSARD / Directeur de la publication
   MOBILITÉS MAGAZINE 17 - JUILLET - 3
      





















































































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