Page 37 - Voyages & Groupe n°17

Hors de France
l'Apartheid, ils rencontreront une jeunesse, enthousiaste malgré l'adversité, plus pressée de tour- ner la page, que d'en inverser la lecture.
Commencer par Durban, c'est garder les surprises de Johan- nesbourg pour la fin. L'ancien comptoir portugais est ville prin- cipale du KwaZulu-Natal, ce pays Zoulou que dirige encore un roi, Goodwill Zwelithini.
De juillet à septembre, d'im- menses bancs de dauphins lon- gent la plage de cette cité bal- néaire. Bien qu'un peu décati, le centre-ville victorien mérite un tour rapide, et une plaisante in- cursion dans les marchés voisins de la grande mosquée permet de saisir l'importance séculaire des communautés malaise et in- dienne.
Situé au milieu d'un turbulent township, l'ashram-musée fondé par Gandhi en 1904, rappelle que l'indépendantiste indien s'est d'abord penché sur la condition de ses compatriotes, alors em- ployés par les Anglais comme portefaix à bas coût.
Quant aux dîners, on hésitera entre le quartier branché de Flo-
rida Road ou un restaurant po- pulaire du bord de mer.
Des Huguenots tirés
à 16 chevaux
Partir de Durban a aussi sa lo- gique chronologique, car la mé- tropole ouvre l'accès aux sites les plus marquants du Grand Trek.
Le Grand Trek (1835-1840), c'est l'exode des colons néerlandais fuyant le Cap que Londres venait d'annexer, sous prétexte de contrer Napoléon qui, lui venait d'empocher la Hollande.
Mais beaucoup de "Trekkers" (ou "Voortrekkers" : "pionniers") fuyaient aussi l'autoritarisme du chef de famille, à la tête de clans rigides où l'on n'était rien tant qu'on ne possédait pas sa terre. La terre manquant dans le sud, ils se lancèrent donc vers le nord- est, en longs convois de 60 cha- riots, tirés à six ou 16 boeufs. Forcer les monts infranchissables du Drakensberg, tailler sa propre route sur les plaines caillou- teuses : le Grote Trek fut un Far West austral avec, en place d'In- diens, les habiles Zoulous, du biltong (viande séchée) en guise
;Les statues de chariot qui marquent l'emplacement de la bataille de Bloedrivier (1838), revanche des Voortrekkers sur les Zoulous.
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Village royal de Mgungundlovu, où les huttes ont été rebâties sur les emplacements de 1838.
de pemmican et du brandewyn pour tout whiskey.
A l'initiative de Chaka, leur pre- mier roi, les Zoulous venaient de soumettre leurs voisins par ex- termination des hommes, ap- propriation des femmes et in- corporation forcée des jeunes dès 6 ans dans l'impi, légion où les classes d'âge tenaient lieu de grades.
C'est donc en pleine phase d'ex- pansion territoriale que surgirent ces Trekkers, nourris de la lecture de la Bible, dont de nombreuses familles huguenotes déjà exilées après la Révocation de l'édit de Nantes, portant haut les noms de Joubert, Rétif, Terreblanche ou du Plessis, et prompts à se prendre pour les Hébreux en quête de Terre Promise. Le choc était fatal.
Quittées les lagunes de Durban débutent deux paysages spéci- fiques d'Afrique du Sud. Portant encore leur nom hollandais : d'abord le veld (prononcer "feld", littéralement : "campagne"), plaines ponctuées par les para- sols des acacias (doringboom) et de quelque kop (colline poin- tue) ; puis le bosveld (littérale-
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VOYAGES & GROUPE 17 - SEPTEMBRE 2018 - 37