Page 3 - MOBILITES MAGAZINE n°39
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                               Editorial
 L’État y croit-il encore ?
Ces dernières semaines, marquées par un déconfinement du pays progressif, voir chaotique, laissent un goût quelque peu amer aux acteurs investis dans le développement des transports collectifs. Chaque jour qui passe sont brassés des milliards d’euros à tous les échelons européens et nationaux, sans que l’on perçoive
vraiment quelque part une direction clairement choisie pour le fameux « monde de demain ». Alors que certaines autorités organisatrices, et non des moindres, crient au secours aux vues de la diminution abyssale de leurs ressources, que leur est-il pour l’instant répondu ? Un triplement du budget du Plan Vélo ? Une augmentation de la prime à la transition électrique pour l’automobile ? Est-ce bien sérieux ? Alors que la monnaie semble désormais ne plus rien valoir du fait qu’elle coule à flot des caisses de la Banque centrale européenne, l’Etat français, qui se refuse avec obstination à redevenir stratège, saupoudre ses aides au fil des mouvements d’humeur des catégories qui arrivent à se faire entendre le plus bruyamment possible. Même l’écologie, redécouverte par l’exécutif en vue de prochaines échéances électorales, et étrangement résumée à la seule lutte contre le réchauffement climatique, ne semble appréhendée que de façon somme toute simpliste. Un véhicule propre est désormais « électrique » (étonnant, quand on promet en parallèle de fermer à termes une quinzaine de centrales nucléaires), et le vélo devient aux transports urbains ce que la bouée de sauvetage était aux passagers du Titanic. Tout cela fait-il une politique ? L’organisation de transports collectifs fiables, répondant aux réels besoins d’une population pour qui le déplacement est économiquement vital, tout cela dans le cadre d’une stratégie de développement et d’aménagement du territoire harmonieuse est sans doute un sujet trop complexe à développer sur un plateau de télévision, même en 20 mn d’allocution. Pour autant, dans ce domaine précis, et technique, il va falloir que l’Etat arrête de jouer au visionnaire pour le devenir vraiment. La communication à outrance, souvent pour ne rien dire, et le colmatage
permanent ne font qu’une politique de gribouille...
PIERRE COSSARD / Directeur de la publication
   MOBILITÉS MAGAZINE 39 - JUILLET/AOÛT 2020 - 3
        



























































































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