Page 36 - MOBILITES MAGAZINE N°21

Politiques & institutions
LANE développé par Instant System (liaison entre bourgoin-Jallieu et le quartier Mermoz du 8ème arron- dissement de Lyon) ou l'offre de co-voiturage déployée entre Tou- louse, L'Isle-Jourdain, Léguevin et Grenade a fait sourire les repré- sentants des départements ruraux assis dans la salle. Idem avec Karos, dont le président et fondateur, Oli- vier binet, se déclare surpris de ne pas avoir convaincu l'auditoire en prenant une base de densité de population inférieure à 250hab/km2 (plus de deux fois celle de l'Ain, pourtant pas le plus enclavé ou dépeuplé des dépar- tements français). Le profil des utilisateurs de ces systèmes re- posants sur l'usage massif du smartphone en dit long : les inter- venants expliquent que leur « cœur de modèle » a entre 30 et 33 ans. Padam Live n'a expérimenté que les applications d'habitude. Les uti- lisateurs ont un profil entre 18 et 40 ans. A la question des zones blanches, fréquentes dans les ter- ritoires d'outre-Seine, on obtient comme réponse : « Sur la zone blanche, on a pas de solution ra- pide ». En fait, même avec les meilleures intentions du monde, ces start-up ne parviennent pas encore à franchir un écueil : à un moment il faut une offre physique de véhicule ! Le virtuel n'est rien tant qu'il n'y a pas de « lisibilité » de l'offre, et le modérateur de la table ronde, Julien de La baca, du cabinet Le Facilitateur de mobilité l'avait pressenti dans ses questions : Comment définir une zone peu dense ? Comment rendre effi- cientes des solutions qui doivent fonctionner dans des zones rurales ou bien en zone péri-urbaines ? Comment assurer un service pour les voyageurs occasionnels en plus des habitués en déplacement do- micile-travail ?
Si le projet LANE d'Instant System repose sur une infrastructure visible
et pérenne (des espaces de sta- tionnement pour le co-voiturage avec des bornes de réservation), ce cas reste exceptionnel parmi les projets dits « de nouvelles mo- bilités ». L'ensemble des projets exposés s'appliquaient surtout aux déplacements pendulaires périur- bains. La «French Mobility » de la « Start-up nation » n'a toujours pas trouvé l'équation pour rem- placer de façon universelle, en toute saisons, et pour tous les âges, l'automobile tant honnie. Comme après les rNTP de juin dernier, les élus et auditeurs ruraux sont revenus bredouilles de cette table-ronde.
Nouvelles mobilités, nouvelles coopérations
En préambule, Stéphane Schultz, consultant et directeur de 15 marches, a d’abord tenu à planté le décor, en listant les quatre bou- leversements - ou révolutions – majeurs vécus par nos sociétés depuis quelques années.
A commencer par le véritable phé- nomène de masse qu’est devenu le smartphone et son ruissellement d’applications en tous genre. Même chose pour l’essor de la mobilité électrique, pour beaucoup due à la diminution du coût des batteries au lithium. « En 2040, il semble probable qu’un véhicule sur trois soit électrique, professe-
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Comme à leur habitude, les débats organisés dans le cadre des Journées Agir ont su attirer de nombreux participants.
t-il. Un mouvement initié en Chine, où foisonnent les véhicules légers en tous genres, et où l’on fabrique rien moins que 9000 bus élec- triques par semaine... ».
La mobilité partagée ensuite, qu’il s’agisse de location en libre-service, de free-floating, de co-voiturage ou d’autopartage, le schéma ha- bituel est là encore bouleversé. Enfin Stéphane Schulz évoque le développement du véhicule auto- nome, dont il perçoit plutôt l’avenir sous forme de navettes intégrées dans des réseaux structurés, plutôt que sous la forme de voitures par- ticulières de niveau 5.
Pour autant, ces révolutions - trop souvent peut-être, présentées comme universelles et irréversi- bles - possèdent leurs propres points faibles. Tout le monde ne possède pas un smartphone, et les fameuses zones blanche du territoire national excluent de fait un frange non négligeable de la population de leur usage. Le dé- veloppement du véhicule électrique est un pari sur l’avenir, du fait de ses limitations technologiques, de sa consommation gargantuesque de métaux rares (ils sont rares !), de ses vertus écologiques discu- tables et des besoins d’énergie qu’il engendrera. Même prudence pour la mobilité partagée, dont le modèle économique reste encore à démontrer. « Derrière l’essor du
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