Page 3 - Voyages & groupe n°14
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                ” Ne tirez pas sur les touristes
Oubliés les années de crise, l’impact des attentats, l’état d’urgence, les manifestations contre la loi travail émaillées de violences, les inondations... En 2017, la France retrouvait avec bonheur ses touristes, enregistrant même une fréquentation record, et 2018 s’annonçait sous les meilleurs auspices.
Mais c’était sans compter sur les grèves des transports. De concert, la SNCF et Air France ont choisi de battre le même tempo sur la vaste gamme des mouvements sociaux.
Editorial
 Un jour par-ci, un jour par là. Et des touristes qui ne savent plus où
danser ! Touchant aussi bien les clientèles françaises qu’étrangères. Avec, pour ces
dernières, un écho médiatique amplifié diffusant une image chaotique, désorganisée,
quasi rédhibitoire de la destination France.
De quoi refroidir logiquement quelques ardeurs et inciter les candidats au départ à
orienter leurs vacances vers d’autres horizons, pour peu qu’ils n’aient pas encore
réservé. Un coup rude et le tourisme hexagonal retient son souffle après l’embellie
de l’année dernière.
Voilà donc les distributeurs rivés sur leur calculette face à des réservations en chute
libre, « entre 20 et 30% » depuis début avril, selon l’estimation des Entreprises du
Voyage. Des distributeurs qui ne comptent plus leurs heures à force de jonglerie
entre modifications de billets et gestion de déconvenues, pour ne pas dire galères,
de leurs clients. Certains ne vont pas manquer de demander à être remboursés car ils
sont partis avec un jour de retard, d’autres de réclamer une prise en charge de frais
d’hébergement ou de taxis, moult prémices à de fastidieux et chronophages litiges.
De son côté, l’industrie hôtelière évoque un taux d’occupation des établissements « en baisse de 10% » rien que sur le mois d’avril, soit une perte de chiffre d’affaires « de l’ordre de 150 millions d’euros », enregistre déjà des annulations avec en malus une clientèle d’affaires au point mort. A Paris, la baisse de fréquentation se chiffre déjà entre deux et trois points, en province entre quatre et huit points.
Des dommages collatéraux évidents. Comme à chaque fois que s’installent des grèves. Rien de nouveau, donc. Les effets sont toujours néfastes, tant pour les particuliers que pour les professionnels, victimes contraintes de mouvements sociaux dont ils sont étrangers. Cependant, les moyens humains, financiers et logistiques, dispensés et dépensés pour contourner leurs impacts commencent à atteindre leurs limites. Il est grand temps de stopper l’hémorragie.
Et ce avant qu’elle n’ait des répercussions sur l’ensemble du tissu économique hexagonal. La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) tirait récemment le signal d’alarme. Selon l’Insee, les mouvements de contestation qui avaient duré 22 jours en 1995 avaient provoqué « une perte de 0,2% de croissance du PIB ». Quand sera-t-il pour les grèves de 2018 ? Trop tôt pour en estimer les coûts, mais la facture s’annonce salée. Sur fond de grogne et d’impatience. Comme dans les transports.
CATHERINE MAUTALENT / Rédactrice en chef “
VOYAGES & GROUPE 14 - MAI 2018 - 3











































































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