Page 3 - MOBILITES MAGAZINE N°57

Editorial
Les masques commencent à tomber
Les années qui viennent seront cruciales pour l’ensemble des secteurs de la mobilité. Et chacun l’a bien compris, la grande affaire de la décennie à venir dans ce secteur sera, encore et toujours, marquée du sceau de la « transition écologique ». Depuis longtemps maintenant, par petites touches, s’est installé un
corpus de réglementations, de normes et, plus spécifiquement, d’interdictions, dont les observateurs commencent à peine à mesurer les impacts sur la vie réelle des citoyens, des entreprises et des organisateurs de la mobilité. Derrière une profusion d’acronymes se cache de fait la mise en œuvre d’une nouvelle organisation sociétale qui n’a jamais
vraiment voulu dire son nom. Malheureusement, ce qui semble avoir été plutôt privilégié, restera la communication et l’affichage plutôt que la réflexion de fond. Au chapitre des sujets qui auraient dû être abordés avec courage avant même de lancer la société française dans une électrification massive de tous ses composants (c’est, en résumé, ce qui nous est demandé), il aurait fallu s’attacher à vérifier que nous avions bien les moyens énergétiques de cette nouvelle ambition. De même, personne ne semble s’être interrogé sérieusement sur la capacité, technique autant que financière, de notre tissu industriel à répondre aux besoins imposés par cette nouvelle orientation. Le réveil est aujourd’hui brutal, même si les promoteurs de cette « révolution » tentent toujours de camoufler les impacts de ce changement derrière une profusion de chiffres et de beaux slogans. Confrontés aux conséquences des causes que nous avons parfois chéries, voilà que nous découvrons collectivement que les prix de l’énergie
peuvent exploser, ou que la production de cette même énergie ne collera vraisem- blablement pas aux ambitions affichées. Mieux, ceux qui commencent à mesurer l’impact possible « d’objets réglementaires » aussi importants que l’ARENH, la LOM, les ZFE et autres ZTL, constatent avec une grandissante inquiétude que certaines des voies qui nous sont imposées mèneront au déclassement d’une frange importante de la population et des entreprises. Il est peut-être encore temps de reprendre en mains le dossier de la nécessaire « transition écologique » sur des bases réalistes, et de confier ce dernier à d’autres protagonistes qu’aux seuls idéologues. C’est sans doute à ce prix que nous pourrons éviter certaines catastrophes aujourd’hui en marche...
PIERRE COSSARD / Directeur de la rédaction
MOBILITÉS MAGAZINE 57 - MARS 2022 - 3