Page 10 - MOBILITES MAGAZINE N°33
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  Dunkerque : suCCès sur toutes les lignes
Avec près de 17 millions de voyageurs, la fréquentation du réseau urbain de Dunkerque a progressé de 85 % en un an grâce à la gratuité.
Cette mesure a été accompagnée d’une restructuration et
d’une augmentation de l’offre de 30 %. Celle-ci continue de progresser.
 en décidant d’instaurer en septembre 2018 la gratuité des transports publics, patrice Vergriete – le président de la communauté urbaine de Dunkerque - a voulu créer un choc psychologique. C’est chose faire puisque la fréquentation du réseau Dkbus a progressé de 85% entre le 1er septembre 2018 et le 31 août 2019. aujourd’hui, près de 17 millions de voyageurs utilisent le bus pour se déplacer. « Nous continuons de drainer de nouveaux passagers car nous adaptons l’offre en permanence pour aller chercher une nouvelle clientèle », explique Christophe Denaes, directeur voirie et mobilité au sein de Dunkerque grand littoral. avant d’instaurer la gratuité, l’autorité organisatrice avait demandé à son délé- gataire - le groupe transdev - de restructurer entièrement le réseau urbain afin de l’adapter aux évolutions urbaines et aux besoins de mobilité. Cette volonté politique s’est traduite par une hausse du nombre de kilomètres de 30%. « Nous avons également acheté 30 bus supplémentaires pour accroître les capacités d’accueil ». alors que le nombre de clients a augmenté au bout de trois semaines, le trans- porteur a injecté trois bus articulés sur une ligne qui était préalablement opérée avec un seul véhicule de ce type. en septembre 2019, une nouvelle ligne de bus a été créée pour mieux relier en direct deux communes. en janvier 2020, Dkbus apportera encore de nouvelles adaptations au réseau.
Allier gratuité et qualité de service
« Il faut impérativement allier la gratuité à la qualité de service. La gratuité incite à faire le premier pas. Ensuite c’est la qualité de l’offre qui va fidéliser les usagers. Si les services ne sont pas fiables et performants, les gens re- prennent leur voiture », affirme le responsable. Car selon une enquête menée en septembre 2019, la gratuité a eu un effet sur le report modal. « 48% des nouveaux utilisateurs du bus se déplaçaient en voiture particulière. Certains disent avoir vendu leur deuxième véhicule ». autre chiffre : 33% ont déclaré se déplacer plus souvent du fait de la facilité de prendre le bus. « Quand on voit que la hausse de la fréquentation s’établit à 85%, cela démontre que nous n’avons pas séduit que les cyclistes et les piétons comme l’affirment souvent les détracteurs de la gratuité ». et ce même si des effets d’opportunité entrent en jeu. « Quand on sort de la gare et qu’il pleut, ceux qui se dépla- çaient à pied pour faire 200m vont prendre le bus car il est gratuit ». Cette augmentation de la mobilité a eu un effet sur le commerce de centre-ville. « Les commerçants disent avoir constaté une hausse de leur chiffre d’affaires. La gratuité a permis de redistribuer du pouvoir d’achat. Par conséquent, plus de personnes viennent en ville pour faire des courses ou tout simplement boire un café ». la gratuité
a également eu pour effet de créer une mixité sociale à bord des véhicules. Ce qui n’existait pas auparavant puisque la majorité de la clientèle du réseau était captive. « Sans la gratuité, même en dynamisant l’offre, nous n’aurions pas créé cette mixité sociale », note Christophe Denaes.
Pas de hausse des incivilités
Contrairement à ce que redoutent les opposants à la gratuité, Dunkerque grand littoral et transdev n’ont pas constaté une hausse des incivilités. au contraire, l’autorité organisatrice estime qu’elles ont baissé de 20%. « En 2017, nous avons enregistré 102 incivilités. En 2018, il y en a eu 113, mais la fréquentation a été multipliée par 85% ! ». face à ce succès, la communauté urbaine ne va pas s’arrêter là. elle a déjà prévu de nouvelles évolutions de l’offre en 2020 et 2021. Celles-ci consisteront à améliorer les dessertes dans les communes de la deuxième couronne en proposant des fréquences plus élevées. « Pour accroître la fréquentation, il faut offrir des services supplémentaires. Cela nécessitera d’acheter une dizaine de bus supplémen- taires ». actuellement, Dkbus dispose d’un parc de 144 véhicules, dont 56 bus articulés. l’opérateur de mobilité exploite un réseau constitué de cinq lignes Chronos, sept lignes de connexion, deux lignes de nuit et du transport à la demande. un service public qui coûte 39,2 M€ par an à la collectivité, auxquels s’ajoutent environ 7,7 M€ de com- pensation tarifaire versés à l’exploitant. les transports publics sont financés en grande majorité par le versement mobilité qui génère environ 28 M€/an. « Dans le cadre du nouvellement du contrat d’exploitation, nous avons négocié des économies de gestion qui nous permettent de financer le développement de l’offre ». transdev s’est engagé à porter le nombre de voyageur à 18 millions d’ici 2024. « Il percevra un bonus, s’il respecte ses engagements », affirme Christophe Denaes.
 10 - Mobilités Magazine 33 - Janvier 2020
 






















































































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