Page 48 - MOBILITES MAGAZINE N°19
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                 Politique & institutions
     MODES/Concurrence et complémentarité
La frontière entre publics et p
Il n’y a pas si longtemps, tout était assez simple : à de rares exceptions près, ou bien l’usage d’un mode de transport était individuel et il fallait alors l’acquérir, ou la collectivité mettait
à la disposition des moyens collectifs de se déplacer. Cette vision binaire, déjà fragmentée avec l’arrivée de solutions individuelles de mobilité comme les vélos et voitures en libre-service, est désormais en train de voler en éclat avec l’avènement du digital.
   LLe caractère collectif des transports publics semble al- ler de soi. Pourtant, le trans-
port « de masse » comme certains aiment à l’appeler - en dépit du trait éminemment rebutant de ce qualificatif - ne peut satisfaire tous les besoins de déplacement.
En effet, la faible densité de po- pulation de certains territoires rend plus difficile l’atteinte du seuil cri- tique où plusieurs personnes ont besoin de se déplacer à la même heure vers la même destination. Très tôt, les autorités organisatrices ont fait preuve de pragmatisme et d’imagination en essayant de répondre aux attentes de leurs concitoyens en amenant leurs ré- seaux de transport dans des terri-
toires plus diffus. Le TAD (Transport À la Demande) constituait un pre- mier pas vers des solutions hy- brides, plus tout à fait collectives, puisqu’il était admis que le trans- port public puisse ne véhiculer qu’une seule personne, mais ré- solument publiques eu égard au coût qu’il représentait pour la col- lectivité.
Par ailleurs, il faut admettre que tout le monde n’est pas prêt à emprunter les transports en com- mun, et que l’aptitude à partager son espace de déplacement dé- pend de chacun.
Qu’on se souvienne de ce repor- tage sur le vélo en ville diffusé dans Envoyé Spécial voici déjà plusieurs années, où l’un des té-
moignages était à ce titre éclairant. Un cycliste passionné, effectuant une vingtaine de kilomètres pour se rendre à son bureau dans le centre de Paris, déclarait « préférer respirer sa sueur plutôt que celle des autres »...
L’avènement du libre-service et de l’autopartage
De ce constat - brutal mais parfois bien réel - les autorités organisa- trices de la mobilité sont venus compléter la palette des alterna- tives à l’auto-solisme par une mul- titude de solutions souples et at- tractives, à défaut d’être toujours économiques pour la collectivité. Ce fut l’avènement des vélos en libre-service, qui fleurissent réel-
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