Page 11 - MOBILITES MAGAZINE THEMATIQUE N°5
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                  Le GNV/tout savoir en 10 questions
  chat, mais face à la dépense, l'Etat pourrait s'orienter vers des appels d'offres à prix garanti. Pour situer les échelles, si l'on s'en tient à l'ob- jectif fixé par la Loi de transition énergétique pour la croissance verte d'août 2015, les compensa- tions en 2030 se solderaient pour l'Etat à 2,1 Mds€ ! Le financement se fait, en partie, sur les consom- mateurs via la TICGN (Taxe inté- rieure sur la consommation de gaz naturel). La compensation est dé- finie actuellement sur une période de 15 ans. Patrick Corbin se veut optimiste : « tant que l'Etat ne la dénonce pas, les engagements restent valables. La problématique est avant tout budgétaire ». La 7e convention d'affaires du biogaz et de la méthanisation qui s'est tenue en novembre 2019 à Troyes a clai- rement identifié ce sujet avec, comme thème de table-ronde : « Gagner la bataille des coûts et de l'innovation pour une filière bio- gaz durablement compétitive ». Tout est dit.
Vers une rupture technologique ?
Thierry Gautier donne un chiffrage de la ressource : Dans l'hypothèse la plus favorable, on peut prévoir 255 millions de tonnes de matière brute (effluents d'élevage, résidus de cultures, déchets organiques (ou biodéchets), cultures intermé- diaires à vocation énergétiques (CIVE). Les rendements exprimés en Biométhane Potentiel (BMP) sont intéressants pour les déchets organiques et CIVE. Ils sont, à l'in- verse, faibles pour les effluents or- ganiques (lisier , fumier essentiel- lement). « Les effluents d'élevage sont abondants mais pas rentables à méthaniser seuls. Les bio-déchets ont un fort potentiel BMP mais sont limités et convoités », estime Thierry Gautier, avant de poser la question des cultures intermé- diaires à vocation énergétique :
« c'est l'intrant idéal mais il coûte cher, sa production est risquée. De plus il peut y avoir à terme un risque sociétal de confusion avec les cultures énergétiques ». Sa conclusion est que sans rupture technologique, le gisement de ma- tière organique demeurera limité, en raison de processus coûteux avec la voie liquide continue ac- tuellement exploitée.
Voies liquides ou solides
Elle est née, au départ, pour traiter les effluents d'élevage ou de sta- tions d'épuration des eaux. Pour traiter des résidus organiques so- lides, on doit les « diluer » dans le méthaniseur à voie liquide conti- nue. Pour faire baisser significati- vement les coûts via un meilleur rendement entre le volume d'in- trants et la quantité de biogaz pro- duite, une start-up basée à Lyon (rhône), Tanaga Energies, propose une rupture technologique. C'est la voie solide discontinue. Outre des économies significatives d'eau (plus besoin de diluer puis de re- traiter l'eau en fin de processus), elle est particulièrement efficiente pour les gisements de déchets or- ganiques solides (contenant plus de 25% de matière sèche) et serait facile à piloter, ce qui accroîtrait son efficience globale. Le procédé GéOM permettrait de traiter une grande variété de déchets solides, tels que : bio-déchets issus de la collecte sélective, déchets de mar-
ché, déchets verts, issus des dé- chetteries (tontes et taille des par- ticuliers), déchets agricoles solides, constitués principalement des ré- sidus de culture et des CIVE, dé- chets des industries agro-alimen- taires ou de la chimie organique. Ceci sans contrainte de respect de proportions, contrairement aux voies liquides continues.
« Ces catégories de déchets sont actuellement peu valorisées (...) GèOM offrira aussi l’opportunité de traiter des gisements nou- veaux, non mobilisés actuellement tels que la biomasse de bord de route, les plantes invasives, les ré- sidus végétaux de la phyto-remé- diation », expliquent ses promo- teurs. Selon l'aDEME, ces déchets organiques solides représentent 78% du potentiel énergétique mo- bilisable en France à l'horizon 2050. L'ambition affichée est d'obtenir un biométhane à 98€/MWh pour une production de 150NM3/h de biogaz. Chiffre à comparer aux 122€/MWh de la voie liquide conti- nue(1) exploitée dans le monde agricole (moins de 100NM3/h de biogaz). Les objectifs pour la voie solide sont d'atteindre les 78€ et 55€/MWh à échéance 2025 puis 2030. Une performance ouvrant de grandes perspectives à la filière biométhane, compte-tenu des in- tentions de l'Etat de réduire ses contributions.
(1) Selon ENEA Consulting, rapport Biométhane
2018. u
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