Page 3 - MOBILITES MAGAZINE N°47
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  Editorial
Et pendant ce temps...
La France est quasiment à l’arrêt, pendue chaque jeudi à l’annonce d’un futur confinement « territorialisé », ou attendant de connaître le contenu de la énième version de l’attestation. Les collectivités font leurs comptes, espérant pouvoir assumer au mieux demain les compétences qui sont de leur ressort. Quant aux entreprises,
elles s’interrogent dans leur grande majorité sur la capacité qu’elles auront à survivre encore longtemps à l’atonie générale qui a gagné le pays, et plus largement, une bonne partie de l’Europe occidentale. Dans ce paysage qui n’annonce pas que des lendemains qui chantent (ou « des jours heureux », c’est selon), forts d’un moral d’airain, certain.e.s* politiques continuent toutefois à dérouler sans faillir les stratégies qu’il.elle.s jugent essentielles en ces
heures sombres que nous vivons. Il en est ainsi des maires écologistes de Lyon et Rennes, qui ont annoncé leur ferme intention de tester dès cette année des budgets dit genrés ! On les croyait simplement préoccupé.ée.s de la préservation de l’environnement, et nous les découvrons bien installé.ée.s au cœur de la fameuse intersectionnalité des luttes qui fait tant de ravages sur les campus outre-Atlantique. Nonobstant l’oubli du concept même de citoyen.ne.s au profit d’un tronçonnage permanent de la population en de multiples groupes présentés comme antagonistes, on peut s’interroger sur la finalité d’un tel concept, notamment en matière de transport collectif. Car une fois posé ce principe (un euro dépensé doit profiter autant aux hommes qu’aux femmes), qu’en est-il vraiment en termes pratiques ? Hypothèse : les femmes préfèrent, pour leurs dépla- cements, utiliser la voiture (plus sûre) plutôt que les transports en commun, majoritairement peuplés de harceleur.euse.s (pour ne pas dire plus)
potentiel.elle.s. Ces élu.e.s baisseront-ils les dotations destinées aux seconds pour réinvestir dans le développement de la première ? Pas sûr. Naturellement, la solution qui viendra alors à l’esprit — pour sauver la planète et la face — sera de recourir à la discrimination (positive bien sûr) et de réserver des wagons de métro aux femmes. Viendra ensuite le dévelop- pement des « safe-spaces » pour les grand.e.s, les petit.e.s, les blond.e.s, les brun.ne.s, les roux.sse.s, etc. Autant de groupuscules potentiels qui ne manqueront pas, à termes, de revendiquer leur juste différence et... leurs droits ! Et j’en passe et des meilleur.e.s. Pas sûr qu’avec ce genre de raisonnement, nous puissions longtemps resté.e.s sain.e.s d’esprit...
* Tradition française du 1er avril oblige, cet éditorial a volontairement été commis dans une langue étrangère.
    PIERRE COSSARD / Directeur de la rédaction
MOBILITÉS MAGAZINE 47 - AVRIL 2021 - 3
      

























































































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