Page 73 - AQMAT Magazine Printemps 2022
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Sans personnel, vraiment ?
La confirmation que le concept d’une épicerie sans personnel est réellement novateur est arrivée du côté des banquiers et des propriétaires d’espaces commerciaux. Jessika Venne ne s’attendait pas à devoir convaincre les banques et les gestionnaires de locaux commerciaux de la viabilité du concept.
«Il a fallu insister. On a dû contacter trois institutions bancaires avant d’en trouver une qui était prête à plonger avec nous. Un des problèmes rencontrés c’est le fait que les banques avaient peine à croire que nous n’avions pas de coût de personnel et insistaient pour qu’on ajoute des dépenses en salaires. Ça été long et ardu comme négociation avec les institutions bancaires.»
Perspectives de franchisage
Pour Jessika Venne et Daniel Lambert, l’aventure ne fait que commencer. Ils prévoient ouvrir cinq nouveaux commerces en 2022 à Montréal, à Laval, à Québec et à Gatineau. D’autres suivront au cours des prochaines années.
«On y croit vraiment à ce concept de commerce libre-service. La demande en ce qui touche le franchisage est incroyable. C’est plus que ce à quoi on s’attendait. À cause de la crise sanitaire, beaucoup de propriétaires de dépanneurs existants nous contactent et souhaitent convertir leurs dépanneurs à cause de la pénurie de main-d’œuvre. Le futur est très prometteur pour notre commerce.»
Évolution technologique
dans le secteur de la quincaillerie
Jacques Nantel est professeur émérite à HEC Montréal et auteur du tout nouveau livre intitulé S’en sortir!
Selon ce spécialiste du commerce de détail, le secteur de la quincaillerie dans son ensemble est en train de vivre une transition technologique qui va se concrétiser d’ici un an ou deux. Cette transition s’accélère dans la foulée des grandes tendances qui
émergent depuis le début de la pandémie: la pénurie, la rareté et le coût de la main-d’œuvre, l’inflation et l’accessibilité de la technologie. « Premièrement, explique Jacques Nantel, le concept des caisses à la sortie des commerces, que ce soit dans une grande surface ou dans une petite quincaillerie de quartier est sur le point de basculer. Déjà, la caisse libre-service et le lecteur de code-barres, c’est dépassé. On a plus besoin de ça ! Surtout dans le domaine des quincailleries qui est un des secteurs les plus avancés sur le plan de l’utilisation des puces RFID (Radio Frequency Identification). Ces puces se retrouvent sur chaque produit de sorte qu’on peut les localiser rapidement. La puce RFID peut servir pour la sortie de caisse et c’est la prochaine étape. Autrement dit, vous entrez dans un commerce, on vous identifie grâce à votre téléphone intelligent et à la carte de crédit qui y est liée, vous prenez les produits dont vous avez besoin, vous quittez le magasin qui vous facture en conséquence. »
« Cette technologie existe depuis une dizaine d’années déjà, mais en raison des coûts d’investissement liés à son implantation elle n’a pas été priorisée dans les commerces. Aujourd’hui, confrontés à la rareté de la main-d’œuvre et à la réduction des coûts liés à la technologie, ce sont tous les secteurs du commerce de détail, incluant celui de la quincaillerie, qui commencent à y penser. »
La pandémie a forcé beaucoup de commerces à la fermeture. Pour Jacques Nantel, il s’agit d’une tendance lourde et il prévoit, à court terme, une rationalisation des commerces de détail.
«Lorsque de grandes surfaces annoncent l’augmentation du salaire de base de leurs employés, ce n’est pas fortuit. Il y a deux objectifs derrière ça : le premier objectif est de s’assurer que la main-d’œuvre est disponible en période de rareté et de pénurie, et ce, aux dépens des petits commerçants qui n’ont pas les moyens de cette augmentation. Le deuxième objectif c’est qu’en faisant cela on vient nuire aux petits commerçants qui à terme vont disparaitre pendant que les gros commerces profitent d’une augmentation de leur part de marché. Certains détaillants vont donc profiter de cette réduction de la concurrence pour investir dans les technologies qui vont rendre leur commerce plus rentable. »
En terminant, le professeur Nantel rappelle que « chaque fois qu’il y a des bouleversements occasionnés par des crises pour le commerce de détail, cela amène toujours inévitablement une concentration du commerce de détail dans les mains de moins en moins de joueurs.»
Gestion
Les Québécois de tout âge disent oui au commerce sans caisses
Selon un récent sondage, huit Québécois sur 10 sont intéressés par le magasinage avec caisse libre- service ou sans caisses. Les résultats de l’enquête indiquent que 46 % des Québécois interrogés sont très intéressés par le magasinage sans caisses et que 34 % le sont dans une moindre mesure.
L’âge des répondants est un facteur important : les Québécois âgés de 18 à 25 ans s’intéressent
au concept dans une proportion de 94 % contre 74 % pour les personnes âgées de 56 à 65 ans. Le principal avantage des magasins sans caisses est la réduction des files d’attente pour 81 % des Québécois et 73 % des Canadiens.
L’enquête de la compagnie spécialisée dans les logiciels-service, GetApp, a été menée auprès de 1 063 Canadiens, dont 136 Québécois.
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