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 Biénergie : y’a de l’eau dans le gaz
Hydro-Québec versera à Énergir une compensation pour la réduction des ventes de gaz à ses clients qui passeront à la biénergie. Le partenariat repose sur une prétention que la biénergie réduira les émissions de gaz à effet de serre (GES) attribuables au chauffage des bâtiments résidentiels, commerciaux et institutionnels, pavant la voie de la transition énergétique en vue d’atteindre la carboneutralité en 2050, un projet de société qui nous interpelle tous.
S auf que le diable, comme on le sait, se cache dans les détails. Une étude de l’organisme Écohabitation, commandée par Équiterre, Greenpeace et le Regroupement des
organismes environnementaux en énergie, remet en question les économies promises par la société d’État.
D’abord, non seulement ladite compensation devra être payée par les clients d’Hydro-Québec via l’augmentation de leurs tarifs d’électricité, l’étude démontre même que l’approche d’Hydro-Québec coûtera plus cher à tous les clients qui adhére- ront à son programme biénergie électricité-gaz que s’ils utilisaient seulement le chauffage électrique avec la technologie des accu- mulateurs de chaleur.
Le principal constat de l’étude est le suivant : «L’utilisation d’un système de chauffage électrique avec gestion de pointe c’est jusqu’à 32 % moins cher que la biénergie au gaz naturel et jusqu’à la moitié moins cher qu’un système au gaz naturel. »
Ce système de chauffage électrique combine une thermopompe de nouvelle génération et un accumulateur de chaleur. Cet appareil, encore peu connu des Québécois, accumule la chaleur produite par la thermopompe dans des briques qui peut chauffer l’habitation sans ajouter de demande sur le réseau électrique pendant les périodes de pointe.
Hydro-Québec réagit
En réaction, Hydro-Québec fait valoir que l’étude d’Écohabita- tion ne tient pas compte de tous les éléments et n’aurait consi- déré que les dépenses d’exploitation. «Or, quand on compare deux solutions, il est nécessaire de tenir compte de l’ensemble des paramètres, dont les coûts d’acquisition et d’installation des équipements. »
Hydro-Québec déplore le fait que l’étude se concentre sur des maisons unifamiliales «alors que ce type de bâtiment ne repré- sente qu’une fraction des bâtiments visés par le programme de conversion à la biénergie. »
En ce qui concerne les accumulateurs de chaleur, Hydro-Québec reconnait le potentiel de cette technologie, mais admet que son utilisation est encore marginale au Québec. «Malgré une aide financière de 10000 $ et une campagne publicitaire, seulement une quarantaine de ces systèmes ont été installés au Québec àcejour.»
Hydro-Québec est d’avis que seul «un coffre à outils bien rempli» permettra de bien gérer la pointe hivernale, qui constitue une condition de succès de la transition énergétique. «La tarification dynamique, les accumulateurs de chaleur, les thermopompes et la biénergie ne doivent pas être perçus comme étant en opposition : bien au contraire, puisqu’ils ne visent pas les mêmes clients. Chaque programme ou option comporte des avantages différents, tant pour Hydro-Québec que pour la clientèle. »
Une entente pour sauver Énergir ?
Anciennement Gaz Métro, Énergir est une propriété 100 % québécoise, détenue à 80,9 % par la Caisse de dépôt et place- ment du Québec et à 19,1 % par le Fonds de solidarité FTQ.
Le Regroupement des organismes environnementaux en énergie interprète l’opération plus comme un « sauvetage de la valeur des actifs d’Énergir qu’un programme de décarbonation sérieux. »
Il faut savoir que Sophie Brochu a quitté la direction d’Énergir pour celle d’Hydro-Québec. C’est un fait à prendre en compte.
    24 HIVER 2022 • AQMAT MAGAZINE

















































































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