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France terre d’asile / Rapport d’activité 2017
ÉDITORIAL
Par Thierry LE ROY et Pierre HENRY Président et Directeur général de France terre d'asile
L a légitimité de France terre d’asile à analyser, à proposer, à expertiser est directement issue de notre implantation sur le territoire métro-
politain et de notre implication sur le terrain au cœur des dispositifs de premier accueil mais aussi d’ac- compagnement et d’insertion. En 2017, les salariés de France terre d’asile, près de 900, pour autant de bénévoles, ont été fortement sollicités en tout point du territoire et particulièrement en Île-de-France et dans les Hauts-de-France. À Paris, France terre d’asile s’est trouvée en première ligne pour accueillir
les demandeurs d’asile au sein d’un dis- positif complexe peu vertueux et où
le droit des personnes à deman-
der asile était fortement contra-
Par ailleurs, France terre d’asile s’est mobilisée toute l’année via notre équipe d’aide aux étrangers rete- nus au centre de rétention à Coquelles où les pla- cements ont connus une augmentation sensible de plus de 26 %.
C’est cette action de terrain, cette expertise, qui nous ont amenés à intervenir fortement auprès des par- lementaires dans le débat sur la nouvelle loi Asile- Immigration, à la quali er de déséquilibrée ne pensant
rié par la précarité, l’absence d’accès rapide au guichet de la demande d’asile en préfec- ture, l’absence de disponibili- té suf sante d’hébergement et, pour certains, un statut de dubliné particulièrement han- dicapant.
La réforme du dispositif de premier accueil qui en a résulté requiert aujourd’hui toute notre vi- gilance et toute notre attention.
On se souvient que lors du démantèlement
de la « Jungle » de Calais, en 2016, plus de 1 900 jeunes avaient été mis à l'abri dans des Centres d'accueil et d'orientation pour mineurs isolés (Caomi) dans toute la France, en attendant la réponse des autorités britan- niques à leur demande de rejoindre le Royaume-Uni. Alors que le Royaume-Uni s'était engagé à accueillir les mineurs isolés de Calais, le Home Of ce a rapide- ment annoncé qu’il ne respecterait pas ses engage- ments, poussant ainsi au désespoir nombre de jeunes, qui ont réagi face à cette exclusion par des grèves de la faim, des tensions, ainsi que des fugues.
Nous avons obtenu en juillet 2017 de la part de la Préfecture du Pas-de-Calais le renforcement de nos ac- tions quotidiennes de maraude pour repérer et mettre à l’abri les mineurs isolés étrangers qui continuent à arriver dans la région. En 2017, 2 215 mineurs isolés étrangers ont pu être mis à l’abri dans notre centre de Saint-Omer et trois nouvelles structures ont été créées.
nullement la question du pré-accueil et ne trai- tant pas plus de la crise des instruments européens de solidarité ou encore de la relation de dé ance entretenue avec la plupart des pays d’ori- gine sur la question migratoire. La réduction du délai de re- cours devant la CNDA comme l’augmentation de la durée de rétention nous semblent des mesures inutiles et gra- vement pénalisantes pour les personnes dont nous avons la charge. Cette analyse nous la partageons avec de nombreux autres acteurs associatifs avec lesquels nous avons tenu à mener
plusieurs actions de plaidoyer.
Nous vous le disions l’an passé: dans nos prises de position, la dimension européenne est désormais omniprésente. Les évolutions politiques et législa- tives françaises se doivent d’être évaluées à l’aune des discussions, à Bruxelles, sur la réforme du régime d’asile européen commun. Le sort des dublinés que nous rencontrons dans nos dispositifs, des centaines de personnes réinstallées de Turquie, du Liban, du Tchad, que nous accueillons ; et aujourd’hui, comme demain, des demandeurs d’asile tentant d’accéder à notre territoire, est menacé par la dif culté des États européens à s’accorder sur une solidarité européenne et avec les pays voisins. Sur cette question, le Conseil d’administration s’est mobilisé toute l’année au sein d’une Commission dédiée, en publiant notamment des tribunes en lien avec l’actualité. Nous comptons continuer à nous mobiliser et à peser sur ces débats, aux côtés de la société civile, à Paris et en Europe, pour que l’Union européenne ne renie pas les valeurs qui la fondent.
La dimension européenne est désormais omniprésente.
Nous comptons continuer à nous mobiliser pour que l'UE ne renie pas les valeurs qui la fondent.
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