Page 59 - MAGAZINE-GRIFF-Hivers2019-30
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L’ART D’ÊTRE VU ET D’ÊTRE
UNIQUE
Culte de l’élégance, audace stylistique, osmose entre l’être et le paraître : les fous de la sape - ou sapeurs - en imposent. Sur la Toile ou dans la presse, ces néo-dandys, in uents et inspirants, dessinent une allure masculine qui tient autant de l’art ou de la science que de la mode. STÉPHANIE O’BRIEN
Comme se plaisent à le répéter les sapeurs de Kinshasa ou de Brazzaville, « les Occidentaux ont inventé le vêtement, les Congolais l’art de se vêtir ». « La sape est une échappatoire à la dureté de la vie, à la misère, aux dif cultés du quotidien. Chez nous, c’est aussi un contre-pouvoir, une façon d’exister », explique le Bachelor. Membre émérite de la Sape (Société des ambianceurs et des personnes élégantes), il est le premier Congolais à avoir fait de sa passion une marque, Connivences, lancée en 2005. Véritable hymne à la vie, le « sapeur complet » n’hésite pas à faire péter les couleurs, « car à quoi ça sert de naître si on ne te voit pas ? » interroge le Bachelor.
LE SAPEUR EN IMPOSE AVEC CLASSE
Voyant ou visible ? Élégant ou extravagant ? La réponse est dans l’œil de celui qui regarde, pas dans celui du sapeur. Seule certitude : le dandy ne passe jamais inaperçu et c’est bien là son but.
LE SAPEUR EST
UN PHILOSOPHE Culturelle, politique et bran- chée, la sape n’est pas qu’un phé- nomène de mode, c’est aussi une philosophie. Eh oui ! Car, au fond, l’homme qui se sape est un pen- seur. Il cherche à dé nir sa place dans le monde et à trouver l’os- mose entre l’être et le paraître. Entre Socrate et Épicure, il y a donc... le sapeur !
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