Page 121 - Sablesémouvants
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 Luc Adolphe www.lucadolphe.com
Je suis tombé dans la photographie tout petit, vers onze ans, en plein mai 68, suite à des séances improvisées dans le labo photo de mon grand-père, à l’arrière de sa pharmacie, puis au cadeau un peu plus tard d’un Nikkormat FTn. Depuis, je n’ai cessé de photographier. Ma vie a ainsi été une succession d’arrêts sur images. Je considère comme un cadeau d’avoir découvert très jeune la photographie, pour ne jamais l’avoir quitté ensuite.
Paradoxalement, j’ai joué à cache-cache toute ma vie avec la profession de photographe. Longtemps photographe d’illustration, photographe de mode dans les années 80, j’ai souhaité rapidement éviter la contrainte de la commande, les pratiques professionnelles, pour faire de la photographie "en amateur" en choisissant l’ascèse pour tenter de construire une œuvre personnelle. J’ai profité de ma vie professionnelle consacrée à l’enseignement et à la recherche, pour voyager en bas de chez moi, ou au bout du monde, en photographiant sans arrêt, en faisant vivre en permanence l’ici par la présence d’un ailleurs. Je souhaitais me consacrer uniquement à la photo pour la dernière partie de ma vie ; m’y voici donc !
Plus que jamais animé par une urgence de la transmission, je cherche par la photographie à voir alors que tout dans ce monde nous empêche de voir, à rester libre et ouvert au monde, à me mettre en disponibilité, à rendre complices prévoyance et hasard, à imposer le silence au regard, à raconter des histoires. Pour ce faire, je suis un photographe-arpenteur qui s’inscrit dans le registre de l’interprétation, dans le temps long, partant souvent de mon obsession pour certains motifs.
Je suis fasciné par le paysage, rural ou urbain. Je développe une approche expressive dans ce qu'elle a de plus ordinaire, trivial, mais de plus fuyant et d'anti-pittoresque. J'aime photographier la vacuité des espaces, la présence de l’absence. J’aspire à une expression abstraite et dépouillée. Alléger l’image pour aller à l’essentiel, en enlevant par exemple certains objets ou présences qui ne sont pas nécessaires et qui vont alourdir mon propos. « L’abstraction rend visible l’absence » (Malevich). Je partage avec l’existentialisme, l’économie de moyen, la réduction formelle et signifiante. Mais la réduction formelle n’a rien d’un minimalisme conceptuel. J’aime le degré d’abstraction et l’intensité des épures. Architecte de formation, j’appréhende le medium photographique dans une démarche proche de la conception architecturale. J’analyse le lieu pour m’imprégner de son essence et tenter de recueillir la partie sans jamais perdre de vue le tout, l’esprit des formes. Je revendique la sécheresse d’un style quasi-éthéré. L'impression d'ascétisme ne tient pas ici qu'à la densité, à la concentration de la matière.
Je suis un photographe en perpétuel mouvement qui a appris l’arrêt sur image de manière instinctive. J’utilise mon appareil numérique comme un argentique, peu de déclenchements et une focale fixe. J’aime les univers monochromatiques et la sous-exposition. Le drone m’a ouvert récemment à une nouvelle dimension.
J’ai organisé une vingtaine d’expositions personnelles en France et à l’étranger ainsi que trois vidéo-projections numériques. J’ai publié dans une dizaine d’ouvrages personnels ou collectifs.




























































































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