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La Tribune des travailleurs - No263 - Mercredi 4 novembre 2020
INTERDICTION! DES LICENCIEMENTS
ACTUALITÉ
Ehpad privé Saint-Joseph à Cachan (Val-de-Marne)
Cde 285 emplois – 60 % des effectifs ! – et le sabrage des budgets recherche et développement sur le site.
comité de liaison
e sont surtout des salariés de Villeurbanne qui sont en grève ; d’autres sont venus du site voisin de Saint- Priest, également touché par le plan. Des représen- tants CGT des sites d’Aix- les-Bains, de Massy, de
Grenoble et de Belfort les ont rejoints. Toutes leurs interventions accusent la direction du groupe, « qui a versé plus de 117 milliards de dividendes sur les dix dernières années », « 80 % de la richesse créée par les salariés »... et qui a touché des millions d’argent public, via notamment le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE). Une banderole résume : « General Electric investit pour licencier », une autre dénonce « Macron : complice de GE pour licencier ».
Dans les discussions, ce que veulent les salariés – pour beaucoup syndi- qués – est clair : conserver leurs usines et tous leurs emplois, parce que « ce sont nos vies qui sont en jeu ».
Dans les prises de parole, on apprend que les élus de l’intersyndicale
« travaillent à des solutions alternatives »
au plan afin notamment de « pérenniser
des emplois industriels en France ». Pour
le secrétaire du syndicat CGT local, le gouvernement « doit taper du poing sur la table, faire respecter l’accord signé et imposer à GE de revoir sa copie ! »
Viennent les élus politiques locaux et nationaux invités. Chaque élu local est por- teur d’un vœu adopté par son conseil « en soutien aux salariés de GE ». Tous disent vouloir préserver l’emploi... Comment ? Le maire PS de Villeurbanne, Cédric Van Styvendael (majorité PS-PCF-EELV-LFI), veut récupérer les subventions accor- déesàGE:«Wewantourmoneyback.» Pour le sénateur PS, Gilbert-Luc Devinaz, « quand on donne de l’argent public, faut-
Macron, complice de General Electric
il encore que l’on puisse contrôler à quoi il sert ». La conseillère régionale LFI Émilie Marche dit que « ces aides, on doit pouvoir les reprendre ». « C’est un scandale que GE refuse une rencontre, alors que la Métropole
a donné de l’argent », s’offusque encore Emeline Baume, première vice-présidente EELV de la Métropole de Lyon... tout en pré- cisant qu’« on n’est pas contre les patrons ». Faudrait-il donc, s’il rembourse les aides, laisser GE dérouler son plan ?
Le journal Le Progrès parle d’un « pacte » de cette « gauche unie » « avec les syndicats représentatifs, pour donner à la lutte une
ampleur obligeant l’État à les écouter ». Dans quel but ? Plusieurs intervenants, au premier rang desquels le député et secrétaire natio- nal du PCF, Fabien Roussel, demandent au gouvernement de créer un « pôle public français de l’énergie » pour « développer la filière énergétique » ; d’autres une entrée de l’État au capital... Mais n’y a-t-il pas un pré- alable à tout cela ? L’urgence n’est-elle pas d’exiger le retrait immédiat du plan de sup- pression de 285 emplois ?
C’est cette perspective, celle de l’inter- diction des licenciements, qui est mention- née par un représentant des Jeunes Com- munistes, une militante de l’Unef, et qui est développée par un représentant du POID à qui la parole est donnée à la fin. Ce dernier revient sur la campagne pour l’unité pour l’interdiction des licenciements, dont plu- sieurs dizaines de salariés du site ont signé l’appel les semaines précédentes. Il reprend l’invitation à la deuxième rencontre natio- nale : « Nous l’affirmons : le socle de l’unité ne peut être que l’interdiction des licencie- ments, des suppressions d’emplois, contre la remise en cause des droits des travailleurs. » Un point de vue qui n’est pas isolé.
LElles ont fait plier la direction
es salariés, en grande majorité des femmes, de l’Ehpad privé Saint-Joseph à Cachan ont refusé une réorganisation leur imposant le passage de sept heures de travail à « douze
heures payées dix ».
La secrétaire du syndicat CGT de l’Ehpad nous confie : « La direction a exercé un chantage. Ils nous ont dit qu’il faut sauver l’Ehpad, sinon, ils se séparaient de nous. Cela nous a choqués. »
Alors, à partir du 19 octobre, les salariés se sont mis en grève et ont occupé le site.
Le 24 octobre, le site de l’Ehpad est bou- clé par un impressionnant dispositif policier, à la demande de la direction. Personne ne peut ni entrer ni sortir, y compris des responsables syndicaux venus du département soutenir les grévistes qui sont à l’intérieur. Une délégation syndicale revient sur le site après avoir été reçue par la direction. Les salariés sortent, drapeau syndical en tête.
La direction a cédé : « Ils ne peuvent pas nous imposer les 12 heures payées 10 », dit un syndi- caliste. C’est une explosion de joie. Une salariée note : « Ce serait uniquement au volontariat. Mais les nouveaux embauchés n’auront pas le choix, ils seront sur douze heures payées dix », à la disposition de la direction pendant leurs deux heures de repos.
Et les autres revendications ? Une salariée explique : « Ils se sont engagés à embaucher sur des postes laissés vacants, après des départs à la retraite il y a plusieurs années. Ils ont aussi réta- bli l’infirmière la nuit, qu’ils avaient supprimée. »
Leur sentiment ? « Déjà qu’on nous enlève tout, on s’est relevés. Si on ne se bat pas, personne ne le fera pour nous. » « On n’a rien lâché, et ça paye. On a démontré qu’ensemble on est capables de relever des défis. » n
Correspondantes
La Poste (Ille-et-Vilaine)
« Il faut gagner l’abandon national de cette réorganisation »
Les facteurs d’Ille-et-Vilaine sont mobilisés avec leur syndicat CGT contre la nouvelle or- ganisation du travail mise en place nationale- ment en septembre. À cela s’ajoute une réorga- nisation complète des tournées du samedi.
a Poste utilise la pandémie pour transformer le métier de facteur vers plus de précarité, de flexibilité, bref
General Electric investit pour licencier
Mercredi 28 octobre, dans le cadre de l’appel à la grève des syndicats CGT, CFDT et CFE-CGC, 400 salariés et mili- tants se sont rassemblés devant l’usine General Electric de Villeurbanne (Rhône) contre le plan de suppression
pour l’unité
SPlus que jamais, retrouvons-nous le 21 novembre
ous le titre « Un million de chômeurs en Île-de-France », un article du Parisien explique que cette région « comptait 750 000 chômeurs en septembre, soit 100 000 de plus qu’en décembre 2019 », et insiste : « C’est du jamais-vu dans les statistiques », avant d’affirmer que « le reconfinement pourrait empirer la situation ».
Si les patrons revendiquent de pouvoir exploiter les travailleurs, quel que soit le prix à payer pour leur santé, ils n’en profitent pas moins pour poursuivre leurs plans de restructuration et de fermeture d’usines.
Moins que jamais on ne s’en sortira boîte par boîte (même si, bien sûr, il faut se battre par- tout), il est grand temps que les choses s’éclaircissent et qu’à tous les niveaux le mot d’ordre « interdiction des licenciements » s’impose comme base de l’unité.
Nous allons prendre les dispositions pour que la deuxième rencontre nationale pour l’unité pour l’interdiction des licenciements prévue le 21 novembre puisse se tenir. Pourlapréparer,faites-nousparvenirvosfichesd’inscriptionetlesmoyensdevousjoindre. n
Pour le comité de liaison, Fabrice Criquet
29 418 travailleurs se sont rassemblés autour de l’appel « Unité pour l’interdiction des licenciements ». Après une première rencontre regroupant 69 délégués de 31 entreprises, tenue le 19 septembre, une nouvelle rencontre nationale est convoquée pour le 21 novembre.
Pour contacter le comité de liaison : unite.interdiction.licenciements@gmail.com
Au cours même du rassemblement, un délégué syndical s’est inscrit pour participer à la rencontre nationale du 21 novembre. n
Correspondants
«L
La parole à A. M., facteur du bureau de poste du Gast à Rennes, membre du comité départe- mental d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail.
d’ubérisation. Avec la nouvelle réor- ganisation, nos horaires de travail changent constamment, nos journées sont désorganisées, au travail et en famille. Le tri du matin est mal fait, car les facteurs ne sont plus ensemble pour trier les tournées de la journée. Cette réorgani- sation vise à faire tourner La Poste avec 15 % de facteurs en moins, en dégradant la qualité du service rendu à toute la population et en nous mettant une pression continue.
Sur notre centre, nous avons décidé de nous mobiliser pour revenir à une seule équipe de tri du matin avec des horaires fixes, comme avant ! Une négociation locale a permis quelques avan- cées, c’est un pas. Mais il faut gagner l’aban- don national de cette “réorganisation”. À notre modeste échelle, nous avons démontré que les postiers étaient prêts à se mobiliser.
Les tournées du samedi, qui n’auraient plus de titulaires de quartier, sont un aspect encore masqué de la réorganisation du 28 septembre : le risque de suppression du “titulaire de tour- née”. Le fait que, le samedi, le facteur ne fasse plus sa tournée normale, mais une tournée de plus, voire trois différentes parfois, c’est infernal en ville, catastrophique en campagne. Les tour- nées du samedi sont mal faites, non terminées. Le travail est décalé sur le lundi. » n
Diffusions, discussions, la rencontre nationale se prépare
Échos d’une diffusion – sous la pluie – devant l’usine PGG SEALANS (fabrication de pneus et plastique pour l’aéronautique) à Bezons, dans le Val-d’Oise
– Les salariés confirment l’information publiée dans la presse : février 2021, ferme- ture totale de l’usine avec 208 licenciements à la clé, sans compter les sous-traitants.
– Un salarié indique que l’union locale CGT de Bezons fait signer une pétition en ligne : non aux licenciements (525 signatures).
– Un autre dit avec son collègue que, eux, étaient pour une manif avec tous les syndi- cats pour bloquer la fermeture de l’usine ; les syndicats ont répondu que ce n’était pas le moment.
– Un autre dit : « Les syndicats font tout pour freiner la fermeture. » « C’est-à-dire ? »,
demande-t-on. « C’est avec l’avocat qu’on va essayer de gagner du temps pour négocier et avoir un montant de prime de départ le plus important possible. » n 18 signatures rassemblées sur l’appel pour l’unité pour l’interdiction des licenciements
Échange lors d’une réunion de travailleurs de Renault, aux Mureaux ( Yvelines), pour préparer une délégation à la rencontre nationale du 21 novembre
– Un intérimaire montre une feuille avec 15 nouvelles signatures de travailleurs de l’usine : « Il y a 1 400 intérimaires à Flins. Renault n’embauche plus. Des gens embau- chés définitivement après avoir été intéri- maires, je n’en connais qu’un. On n’a que des contrats de 6 ou 18 mois. Pour être embauché
chez Renault, il faut passer des tests de fran- çais ou de maths, c’est difficile, et beaucoup ne sont pas pris. »
– Un camarade de Renault-Guyancourt :
« Le P-DG Senard a présenté son plan comme un plan “sans violence sociale”, sans licen- ciements. Mais les pertes de mission pour les intérimaires, on n’en parle pas. Personne n’en parle. Les intérimaires sont les premières vic- times de ce mensonge du P-DG qui organise la suppression de 4 600 emplois de salariés de Renault-France, en échange des 5 milliards d’euros que le gouvernement lui a garantis. Rappelons-nousdel’usinedeVilvorde:en1997, Renault a d’abord supprimé 3 100 emplois sur 3 500. Puis les effectifs ont baissé jusqu’à la fermeture complète. Ils programment cela sur Flins. » n