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La Tribune des travailleurs - No263 - Mercredi 4 novembre 2020
Une foule nombreuse assistait aux obsèques d’Hugues Miller, le mercredi 28 octobre, et entourait sa famille : son épouse Francine, ses enfants Lisa et Loïc, sa sœur Valérie. Une grande émotion partagée par plusieurs cen- taines de militants CGT, PCF, POID, travail- leurs et jeunes, au-dessus desquels flottaient des drapeaux du POID et de la CGT. Issu d’une famille de militants PCF et CGT de la vallée de la Fensch, lui-même agent communal à Hayange, il a développé la CGT dans toutes les villes de Moselle. Militant ouvrier, il a été très tôt au PCF, puis il a rejoint le POID et son courant trotskyste, la Tendance communiste internationaliste (TCI).
Jacques Maréchal, pour l’union départementale CGT de Moselle
Hommage à Hugues Miller
« La CGT soucieuse de la revendication concrète et pour la rupture avec le capitalisme »
«Nous perdons un frère de combat aux fortes convictions. Tu faisais la CGT comme elle devait être, soucieuse de la revendication concrète, immédiate, et en même temps por- teuse d’émancipation sociale, de transforma- tion audacieuse de la société, de rupture avec le capitalisme. Tes convictions ne s’arrêtaient ni aux portes de ton service ni au départe- ment. C’est la classe ouvrière, le monde du travail tout entier qui te souciaient. Nous avions nos désaccords, nos querelles, sur l’Europe, la stratégie syndicale, le rassem- blement. Débats importants, mais tout cela était bien secondaire tant nous avions plaisir à militer et à agir ensemble, tant le sens de
l’engagement nous était commun. (...) Engagé à la mairie d’Hayange, tu as très vite rejoint la CGT, puis tu as appris auprès des anciens. Tu as pris des responsabilités au sein de ton syndicat, puis au sein de la coordi- nation syndicale départementale des services publics, au sein de l’interprofessionnelle, en devenant membre de la commission exécu- tive départementale. Tu n’as jamais cherché ni les honneurs ni la gloire, mais à te mettre simplement au service de ton organisation
communiste qu’il avait toujours été. Pour Hugues, la classe ouvrière a indiscutable- ment besoin d’un syndicat, et en l’occur- rence de la CGT. Elle a besoin également d’un parti, et dans son esprit (comme dans le nôtre), la classe ouvrière avait et a besoin d’un parti et d’un syndicat sans que le parti cherche à dicter au syndicat la conduite à tenir, sans que le parti pour autant se trans- forme en une remorque, une annexe du syn- dicat. Quand s’est menée la discussion, et j’y ai longuement participé, avec Jean Markun, avec Anne-Catherine, avec Hugues Miller pour rejoindre la IVe Internationale, Hugues fut longtemps le plus réticent. C’était un homme droit : aussi longtemps qu’il avait des objections ou des réticences, il ne déci- dait pas. Mais du jour où il fut convaincu, du jour où il a estimé avoir trouvé des réponses à ses questions, du jour où il a saisi que le programme de « cette » IVe Internationale lui permettait de poursuivre le combat pour le socialisme, de poursuivre le combat d’Octobre 1917, pour lequel il s’était engagé tout jeune comme militant communiste, alors il s’est engagé, il s’est engagé comme un militant droit, honnête, loyal.
À Francine, à Lisa, à Loïc, je vous apporte le témoignage de solidarité et de fraternité de l’ensemble de ses camarades.
Et à Hugues : salut camarade, et respect ! » n
Pascal Koehler, pour la fédération CGT des services publics
a disparition brutale de notre camarade Hugues Miller nous plonge dans une immense tris- tesse.
Depuis plus de dix ans, il était devenu une figure de notre fédération. Il avait été très impliqué avec la fédération dans la lutte contre l’extrême droite, à commencer par la mairie d’Hayange. » n
Martine Duthe, pour le syndicat CGT de la Ville d’Hayange
« Contre la folie «N capitaliste »
ous sommes tous orphelins.
Il était pour nous un cama- rade, un ami, un confident, un frère. Il donnait de son temps
sans compter, ni même attendre quelque chose en retour. Militant de toutes les luttes
ouvrières, il se battait avec conviction contre la folie capitaliste. Il avait à cœur de faire régner le bien-être au travail pour chacun d’entre nous, et militait contre les inégalités. Son attachement à la solidarité et à la tolé- rance était contraire aux idées véhiculées par l’extrême droite qu’il combattait avec fermeté.
Il s’est battu pour chacun d’entre nous sans exception. En sa mémoire, nous nous devons de poursuivre l’action syndicale et revendicative. » n
pour la rendre plus efficace. »
Daniel Gluckstein, pour le POID
n
our Hugues, le combat syndical pour la moindre revendication indispensable devait être relié à une perspective politique, celle
d’une politique ouvrière authentiquement indépendante. La rencontre entre Hugues et notre courant remonte à plus de vingt ans. C’est une rencontre qui a eu lieu également avec un autre militant à la même époque, Jean Markun, dans le combat contre la fer- meture des mines et de la sidérurgie.
Combats à la fois d’ampleur nationale, et au plan local, pour la défense des services publics, combats dans lesquels seule comp- tait pour Hugues la défense de ces services publics indépendamment de l’étiquette politique de la municipalité. Militant du Parti communiste à cette époque, il n’a pas hésité à s’opposer à ceux de ses camarades qui, sié- geant au conseil municipal, adoptaient des positions qui, de son point de vue, ne garan- tissaient pas la préservation des services publics. Au début de ce siècle, le camarade Jean Markun quitte le Parti communiste. Se pose pour lui la nécessité de construire un nouveau parti, un parti ouvrier indépen- dant. Il fait partie des quatre qui prendront cette initiative. Hugues Miller, lui, travail- lant étroitement avec Jean Markun, fait le choix de rester au Parti communiste français auquel le liaient toute son histoire, celle de sa famille, tout en affirmant ses positions, en n’étant d’aucune manière un suiviste par rapport à des instructions qui viendraient du sommet. C’était sa manière d’exprimer sa fidélité à ses racines de la classe ouvrière. Plus tard, pourtant, il rejoindra le Parti ouvrier indépendant démocratique, préci- sément parce qu’il voulait rester le militant
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« Poursuivre le combat d’Octobre 1917 »
Anne-Catherine Levecque, pour le comité POID d’Hayange Quels que soient les gouvernements et les municipalités
J’ au pouvoir, rester sur le terrain des revendications
ai rencontré Hugues en 2011 dans intense : « Faut-il ou pas se présenter ? », vu le cadre du collectif « Pour une Atsem la candidature du maire Engelmann (Ras- par classe ». La mairie d’alors (PS- semblement national) qui risque de repas- PCF) voulait supprimer un poste sur ser... Hugues finit par rejoindre la position
deux dans les écoles maternelles d’Hayange. Nous montons un collectif (parents, ensei- gnants, Atsem, avec la CGT territoriaux et le SNUipp). Hugues, militant PCF, n’a pas hésité à affronter la municipalité PS-PCF pour la satisfaction des revendications. Nous obtenons le maintien des postes, mais avec des non-titulaires ! Durant les années qui suivent, de nombreuses actions sont menées par le comité contre la troïka et la dictature de la dette, pour la rupture avec l’Union européenne : défense des services publics, notamment contre la dégradation des emplois municipaux qui basculent dans la précarité, combat mené du temps de la municipalité PS-PCF comme de celle du FN ensuite ; défense de l’hôpital d’Hayange menacé de fermeture ; pour la nationalisa- tion de la sidérurgie.
Hugues reste alors au PCF, fidélité aux racines... il est alors secrétaire d’une sec- tion hayangeoise qui s’étiole.
Il quitte le PCF pour rejoindre le POI/ POID en 2014. Lors des élections munici- pales de 2020, nous avons une discussion
du parti de présenter une liste – les autres listes en présence étant toutes sur un terrain de compromission. Il met toutes ses forces dans la bagarre : nous faisons des tour- nées qui amènent plusieurs militants CGT ainsi que Francine, sa femme, Grégory, son neveu, à rejoindre la liste ouvrière d’unité...
Mercredi dernier, nous nous sommes une fois encore retrouvés avec les cama- rades dans le comité Unité pour la réou- verture de la réanimation de l’hôpital d’Hayange. Il a insisté sur l’importance de continuer, d’aller voir les élus, de maintenir la pression...
Au cours de toutes ces années, ce que je retiens d’Hugues, c’est sa position constante sur le terrain de classe : pas de compromis- sion, refus total de la dictature de la dette, rupture avec les politiques d’austérité... pour toujours rester sur le terrain des reven- dications et de l’indépendance syndicale, quels que soient les gouvernements et les municipalités au pouvoir !
Hugues reste pour nous un camarade, un ami et un frère de combat ! n
« La lutte contre l’extrême droite, à commencer par la mairie d’Hayange »
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