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La Tribune des travailleurs - No263 - Mercredi 4 novembre 2020
  LA PAGE DES JEUNES
Après l’annonce de la fermeture des universités
« On ne veut pas être une génération sacrifiée ! »
     Le gouvernement, qui ne satisfait que gouvernement déverse des milliards aux
les intérêts des patrons et des capita- listes, annonce le 28 octobre de nou- velles mesures : confinement de la
population... mais les travailleurs doivent toujours pouvoir se rendre au travail, et pour ça, leurs enfants à l’école. Quant aux étudiants, qui peuvent se garder tout seuls, le gouvernement les vire des uni- versités ! Macron a clairement donné son cap : « L’économie ne doit ni s’arrêter ni s’effondrer » ! – et peu importe combien meurent dans la manœuvre.
Le gouvernement est responsable aujourd’hui de la fermeture des universi- tés et nous prive de notre droit à étudier. Il sait les effets qu’aura le confinement sur beaucoup d’étudiants : le décrochage, l’impossibilité pour beaucoup de suivre les cours à distance, l’isolement. C’est en toute connaissance de cause que le gou- vernement sacrifie les étudiants.
Nous n’acceptons pas cette situation !
Et qu’on ne nous dise pas que c’est pour la santé de la population ! Si c’était le cas, il l’aurait démontré ces derniers mois, en accordant des moyens massifs aux hôpitaux, aux universités et aux lycées, pour mettre à disposition des masques, du gel en quantité suffisante et assurer à tous des conditions égales d’études, ou encore en organisant le dépistage mas- sif de la population. Au lieu de cela, ce
patrons, aux banques et aux actionnaires et impose la suppression de lits dans les hôpitaux.
Macron veut nous virer des facs
Virons-le, lui,
avec son gouvernement !
Virons-les, et mettons en place un gouvernement ouvrier, seul capable de mettre tout en œuvre pour répondre aux besoins des travailleurs et de la jeunesse et pour faire face à cette crise sanitaire. Un gouvernement ouvrier qui imposera la réquisition des 560 milliards accordés aux patrons et aux banques, grâce au vote unanime des députés, pour les investir dans l’hôpital, dans l’éducation, le service public.
C’est dans cette perspective que nous, militants de Jeunesse Révolution, partici- pons au meeting du POID le 7 novembre, pour la rupture avec le gouvernement et ce système. Nous invitons tous les jeunes travailleurs, lycéens et étudiants à venir y assister.
Nous vous invitons également à par- ticiper à une discussion entre étudiants et avec tous ceux qui le souhaitent sur la destruction de l’Université, que nous organisons le vendredi 6 novembre à 15 h 30. Pour y participer, voici le lien : https://us02web.zoom.us/j/83811808007
Samedi 31 octobre
   Contactez les militants de Jeunesse Révolution : jeunesserevolution2016@gmail.com
 Distribution alimentaire dans une cité universitaire de Montpellier en mai
Le manque de moyens tue
 Le 14 octobre, une étudiante de mas- ter de l’université de Tours est décédée après un malaise cardiaque. Une mort tragique qui aurait pu être évitée par
l’utilisation d’un défibrillateur et par une intervention rapide des secours. Or, le site de l’université de Fromont ne disposait pas de défibrillateur, pourtant obligatoire depuis le 1er janvier. Mais l’université n’en a pas ins- tallé, pour des raisons d’économies. L’accès à cette université est complexe, avec des ascenseurs qui ne fonctionnent plus, retar- dant l’arrivée des secours. Des étudiants de l’université de Tours ont rédigé un communi-
Livreurs à vélo « C’est de l’esclavage moderne »
qué dénonçant la situation et le manque de moyens : « Le site est totalement laissé à l’aban- don, et les étudiant·es et enseignant·es, seul·es, laissé·es à eux-mêmes dans les moments les plus critiques. Est-ce normal qu’au sein d’un établissement public nous devions compter sur la bonne volonté individuelle, l’éventuelle for- mation de secourisme de chacun, et qu’aucune prise en charge médicale d’urgence ne soit pré- vue en cas de problème au sein du site ? »
Honte au gouvernement qui ne donne pas les moyens à l’Université et aux étudiants. n
Paul
De la Russie au Mexique, « la
situation sanitaire s’est aggravée »
Le 25 octobre s’est tenue la sixième ren- contre mensuelle de l’Alliance internationale des jeunes pour le socialisme (AIJS), dont Jeu- nesse Révolution est membre, avec des jeunes du Mexique, du Mali, de France et de Russie.
Parmi nous se trouvait Denis Belov, de l’Union des marxistes de la ville de Kazan, arrêté en septembre et condamné à deux semaines de prison sous un prétexte falla- cieux. L’AIJS avait alors lancé une campagne internationale pour sa libération. Il a tenu à remercier l’AIJS en indiquant que, bien qu’il soit aujourd’hui libre, les charges qui pèsent contre lui n’ont pas été abandonnées. Il a évoqué la situation sanitaire de la Russie, alors que Poutine ne prend aucune mesure sérieuse et que les tests ne sont quasiment pas pratiqués. Nos camarades du Mexique ont également dit que la situation sanitaire s’est aggravée. Les capitalistes, notamment les Américains propriétaires des maquilado- ras, refusent de fermer ces entreprises instal- lées de l’autre côté de la frontière mexicaine et qui bénéficient d’une exonération des droits de douane. Peu de tests sont pratiqués. « Le gouvernement a décidé que l’école devait se faire par la télévision. Quand les élèves n’ont pas accès au câble, ils n’ont pas cours. Les cours dans les universités ont lieu en ligne, ceux qui n’ont pas Internet sont privés d’éducation. Nous en avons fait état lors d’une conférence binationale organisée avec des militants ouvriers mexicains et américains », a indiqué notre camarade du Mexique. n
     La déréglementation du droit du tra- vail frappe particulièrement la jeunesse. Témoignage de Samy, 20 ans, coursier pour l’entreprise de livraison Stuart.
suis cycliste, mais parfois, c’est difficile, voire dangereux. De nombreuses règles nous sont imposées, mais eux ne respectent pas leurs promesses : on nous vend qu’on sera notre propre patron, qu’on vendra dans un petit rayon... La vérité, c’est qu’on attend par- fois des heures pour une seule commande. De plus, il est impossible de prendre contact avec eux : on tombe sur un serveur automa- tisé. C’est bien pour les petits problèmes, mais pour les discussions importantes, comme les conditions de travail, impossible.
Je n’énumère pas tout, mais c’est suffisant pour en avoir ras le bol. Stuart, en un mot, c’est de l’esclavage moderne. Ce qu’on vit, c’est une humiliation au quotidien. Je sais qu’on tra- verse une crise sanitaire et économique, mais
 «J
e suis dans l’obligation de devoir bosser pour Stuart, faute de mieux. Je gagne rarement plus de 100 euros par semaine. Le deuxième jour de
  couvre-feu, j’ai été connecté douze heures et quarante minutes sur la plate-forme. J’ai tou- ché 4,30 euros pour une seule course et j’ai été verbalisé par les policiers qui ne voulaient pas croire qu’on pouvait travailler à ce prix-là. J’ai pris 135 euros d’amende pour non-respect du couvre-feu alors que j’étais sur mon lieu de travail, une station Vélib’. 135 euros, c’est ce que je gagne en environ une semaine et demie,
en étant connecté plus de neuf heures par jour. Autre exemple : je réalise une commande en temps et en heure d’après la plate-forme, le client me dit que je suis en retard d’une heure. Résultat : mauvaise note et course non factu- rée pour moi. C’était du travail gratuit.
Et c’est un travail souvent pénible : Stuart n’accepte que le vélo pour les coursiers. Je
c’est nous qui en faisons les frais.
n
  « C’était déjà impossible à suivre... »
« Comme beaucoup, je me doutais d’un reconfi- nement. Mais quand l’annonce est tombée, ça a été très dur. J’ai arrêté le lycée en janvier 2019 et jusqu’en septembre 2020 je n’ai pas revu les bancs de l’école. Le premier confinement a été une période très dure. Depuis la rentrée, malgré le masque, le peu d’heures de cours dans ma filière, le 50 % distanciel, ma situa- tion semblait s’améliorer. Pour moi, c’est un retour aux angoisses, à l’isolement, et pour les cours, on n’en parle même pas. C’était déjà impossible à suivre quand on était à moitié en distanciel, alors là ! » n
Anna, étudiante à Lille
« Mon diplôme est en péril »
Brutal, je crois que c’est le bon mot. Déjà, les annonces de l’année dernière étaient lourdes. Je suis en master de psy- chologie. Pour valider le diplôme de psy- chologue clinicien, il faut faire 583 heures de stage en deux ans. Mon stage à l’hôpi- tal s’est terminé avant le nombre d’heures prévu, parce que les locaux avaient dû fermer en mars. Il me reste 453 heures pour valider mon diplôme et aucune idée de comment je vais faire d’ici à décembre. Mon diplôme est en péril. Le risque, c’est de devoir faire une année supplémen-
taire d’études. Pour moi qui suis étudiant boursier, c’est devoir financer mes études moi-même, trouver un boulot, faire un crédit. Je ne sais pas quoi faire. Là, je me demande même où je vais me confiner, dansmachambreencitéUde9m2ou chez mes parents. Je me demande si les bibliothèques vont être fermées, com- ment trouver les ressources nécessaires pour faire mon mémoire. Je suis dans le flou complet. n
Zakaria, étudiant à Strasbourg
Victoria
         
















































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