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                                La Tribune des travailleurs - No263 - Mercredi 4 novembre 2020
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   Hôpital de Briançon (Hautes-Alpes)
ACTUALITÉ POLITIQUE ET SOCIALE
Hôpital « Je vais être obligé de sélectionner parmi les cancers »
  « Le personnel
 est épuisé »
La parole à Richard Faure, secrétaire du syndicat FO de l’hôpital de Briançon, et à Nicolas Baptiste, secrétaire adjoint.
«La situation est nette- ment plus grave qu’au printemps. Tous les lits sont quasiment occu- pés. Le problème crucial, c’est le manque de personnel et de com- pétences. Nous manquons cruel- lement de personnel qualifié, notamment pour la réanimation. Le personnel est épuisé. Depuis plusieurs années, sous le prétexte de “réduire le déficit de l’hôpital”, la direction ne recrute plus aucun agent dans le cadre du statut. Tous les recrutements sont faits en CDD, puis, au bout de quatre ans, ils passent en CDI. Ils ne bénéfi- cient d’aucune des garanties du statut de la fonction publique hospitalière. Cela est facteur de découragement. Les équipes se souviennent avec colère que seu- lement 40 % d’entre eux avaient bénéficié de la prime Covid au printemps dernier. Ils sont en colère également car, à ce jour, aucun de ceux qui ont été atteints du Covid en mars dernier n’a été reconnu en maladie profession- nelle ni en maladie contractée en service. Et puis, avec la mise en place du plan blanc, toutes les équipes sont placées en journées de travail en douze heures. C’est la déréglementation totale des conditions de travail. C’est exté- nuant pour tous. Depuis le mois de mai, non seulement rien n’a été fait pour améliorer l’hôpital, mais la situation s’est encore aggra- vée.» n
Après l’attentat de Nice
Le 29 octobre, trois catho- liques ont été assassinés à l’arme blanche dans un atten- tat terroriste, à l’intérieur et
aux abords de la basilique Notre- Dame de l’Assomption de Nice. La Tribune des travailleurs condamne cette tuerie. Attachée à la laïcité et à la séparation des Églises et de l’État, elle se prononce pour le respect des libertés fondamen- tales, dont font partie la liberté de croire ou de ne pas croire en une religion, quelle qu’elle soit, et la liberté de pratiquer ou de ne pas pratiquer des rites cultuels dans la sphère privée. À tous ceux qui soufflent sur les braises de la haine, provoquent ou cherchent à introduire la division de la société en prétendues « communautés », nous opposons la nécessité de l’unité des travailleurs, en toute circonstance, quelles que soient leurs origines ou leurs croyances, face à ceux qui remettent en cause l’égalité des droits. n
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CHU Cochin à Paris. Il précise : « Je vais être obligé de sélectionner parmi les cancers. » Ces décisions terrifiantes à prendre pour des médecins – contraires à leur éthique et à leur serment – se paieront de mil- liers de morts. Qui en est responsable ? L’ordre vient de haut. Le 27 octobre, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a déclaré : tous les établis- sements doivent déclencher « sans attendre » leur plan blanc et déprogrammer des activités médicales « afin de libérer de la disponibilité en lits ». Plus de lits disponibles ! Qui en est respon- sable ? Réponse : tous les gouvernements qui se sont succédé (de droite comme de gauche) pour gérer les affaires des capitalistes dans le cadre et le respect de la Ve République. Connaissez- vous ces chiffres ? En 1981, les hôpitaux publics comptaient 392 644 lits pour 55 555 000 habi- tants. En 2018, il n’y en avait plus que 243 226 pour 66 883 000 habitants*. On est ainsi passé de un lit pour 141 habitants à un lit pour 274 habi- tants. Sans même parler de mesures de progrès social, le seul maintien de l’existant aurait per-
quatre heures »...
* Source : Irdes et Insee.
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Olivier Doriane
n est déjà obligés de faire des tris, des choix cornéliens », explique dans Le Journal du dimanche Michaël Peyromaure, chef du service d’urologie du
heur ?) de ne pas être hospitalisé. Et tout est à l’avenant. Ainsi, à l’Assistance publique- Hôpitaux de Paris (AP-HP), le taux d’occupa- tion des lits de réanimation dépasse les 70 % (à la date du 26 octobre). Le directeur général adjoint de l’AP-HP déclare alors : « S’il faut faire des formations supplémentaires pour mobiliser davantage, nous le ferons. Nous serons prêts dans les vingt-quatre heures pour les monter. » C’est stupéfiant. Ils peuvent le faire en vingt- quatre heures, et depuis six mois, ils n’ont pris aucune disposition pour cela.
Nous l’avons affirmé et martelé – comme parti – depuis des mois : les intérêts du peuple
travailleur appellent la réquisition des cen- taines de milliards accordés aux banques et aux capitalistes. C’est aujourd’hui une ques- tion de vie ou de mort au sens littéral du terme. Les centaines de milliards (qui sont dispo- nibles) doivent être sans délai réaffectés à la santé pour ouvrir autant de lits que de besoin, pour construire en urgence des hôpitaux, pour embaucher en masse. Et le faire « dans les vingt-
     LE COUP DE GUEULE DE ...
 Un lecteur de La TT qui a cotisé toute sa vie à la Sécurité sociale et pour qui l’accès aux soins est un droit (et non une aumône qu’il faut quémander)
Est-ce concevable ?
la suite de son traitement ? Il se trouve que nous avons l’habitude de défendre des cas individuels et de faire valoir nos droits. Ce que nous avons fait (mais tout le monde n’est pas dans cette situa- tion). En accord avec nos arguments, le médecin est finalement parvenu à nous réserver une place. Est-il normal de devoir se battre pour une chose aussi évidente ?
À la suite du confinement, la situation, déjà compliquée, semble se dégrader. Le fils d’une femme âgée de 86 ans, hospitalisée dans la chambre voisine, nous explique que sa mère va être renvoyée chez elle. Explication donnée par le service : il faut réserver des places pour le Covid. Le traitement du « pic » qui a été annoncé se fait au détriment des autres malades. Dans ce cas, cela concerne une personne répertoriée comme faisant partie des « plus fragiles ». n
Au début du mois d’octobre, une de mes proches a été diagnostiquée comme atteinte d’une tumeur cancéreuse. L’agres- sivité de la maladie l’empêche de se nourrir. Elle ne peut absorber de nourriture sans grande douleur. Cela a entraîné une importante et inquiétante perte de poids et une déshydratation, ce qui la fragilise et reporte la possibilité d’inter- vention pour traiter son cancer. Il fallait donc, en l’hospitalisant, l’aider à s’alimenter. Alors que l’oncologue nous a fourni les explications pré- cises sur le traitement qu’il compte appliquer, il a fallu « insister fermement » pour obtenir une place afin d’entreprendre le travail indispensable de réalimentation. Est-il concevable d’envisager, comme cela fut proposé, d’attendre une semaine supplémentaire avant de prendre les dispositions pour alimenter une malade qui en a besoin pour
 mis au pays de disposer du double de lits.
Et que dire de ce gouvernement dont le ministre de la Santé donne officiellement comme directive de limiter l’accès aux soins ! Le simple fait que cela puisse être présenté comme une banalité est une condamnation sans appel
de ce régime à bout de souffle.
Depuis huit mois, il n’a rien prévu, rien anti-
cipé. Et les scandales s’accumulent.
Le nombre de vaccins pour la grippe est
insuffisant. Incroyable, comme si l’arrivée de cette maladie saisonnière était une surprise. Il fait voter par l’Assemblée nationale aux ordres l’infamie du forfait aux urgences : 18 euros si vous avez la chance (faudrait-il dire le mal-
  Enseignement supérieur et recherche Un amendement du Sénat qui en dit long
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de loi de programmation de la recherche (LPR, voir La Tribune des travailleurs depuis cet été). Dans la nuit du 28 au 29 octobre, le Sénat (quasi- ment vide) a approuvé un amendement qui sup- prime la procédure de qualification aux postes de maître de conférences et professeurs par le Conseil national des universités (CNU).
Composée d’enseignants-chercheurs nom- més et surtout élus pour les deux tiers au sein de leurs disciplines, cette instance consulta-
n pleine crise sanitaire, alors que les uni- versités sont vidées de leurs étudiants, le Sénat, avec l’aval de la ministre de l’Ensei-
gnement supérieur, met en œuvre le projet
tive et décisionnaire nationale représente les cinquante-deux sections disciplinaires présentes à l’Université. Elle « qualifie » les candidats sur des critères nationaux et identiques, sur la base du manuscrit de thèse et des travaux pédagogiques et de recherche. Cette étape prend la forme d’une évaluation du dossier par deux enseignants- chercheurs anonymes de la discipline visée : elle constitue une validation objective et fondée sur l’égalité des droits pour candidater ensuite à un poste de maître de conférences ou de profes- seur. Le CNU accorde les garanties statutaires spécifiques et assure le suivi de la carrière des enseignants-chercheurs : procédure de recru-
tement sur les postes ouverts, avancement du grade. Cet amendement permet donc en toute légalité les recrutements arbitraires au profil par les établissements. Il prépare le recrutement de professeurs en CDD sur les chaires de professeurs juniors prévues dans la LPR. Supprimer la quali- fication, c’est viser la disparition de l’instance et des statuts. Toutes les organisations syndicales, en tant qu’organisations représentatives des agents, ne doivent-elles pas prendre position ? Défense des statuts, retrait de la LPR, création de postes dans le supérieur ! n
Paula Vieth
  






















































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