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                                La Tribune des travailleurs - No264 - Jeudi 12 novembre 2020
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    LA PAGE DES JEUNES
   « Nous ne devons pas être condamnés à échouer dans nos études ! »
«Tout est fait pour nous faire arrê- ter nos études. Le gouvernement a choisi de sacrifier la jeunesse en décidant d’expulser des universi- tés et des bibliothèques universitaires plus de
deux millions d’étudiants.
Parce que le capitalisme n’a de cesse de
détruire les forces productives, à savoir une jeunesse instruite et des travailleurs qualifiés. Parce qu’en détruisant le baccalauréat, en filtrant l’accès à l’Université avec Parcour- sup, en instaurant une autre sélection entre la licence et le master, on détruit de fait toutes
Fabio, étudiant à Paris-7
les portes qui mènent vers l’instruction. Et à l’heure où le gouvernement cherche à diviser les étudiants entre eux, à installer un climat de morosité dans les facs en exerçant une pression toujours plus forte sur les épaules des étudiants, pour étudier, se loger et se nourrir, il est important d’épauler chaque revendication qui irait dans le sens de la rup- ture avec ce gouvernement d’affameurs !
Parce que même si ce gouvernement prépare la destruction pure et simple de l’éducation, nous ne devons pas nous sentir condamnés à échouer dans nos études.
Ça suffit !
Parce que même si ce gouvernement nous fait courir à la catastrophe, la catastrophe est encore évitable.
Parce que ça suffit de cette situation où certains sont contraints de choisir entre les études ou leur survie.
La situation impose de dégager ce gouvernement, de mettre en place un gou- vernement de la majorité qui, soucieux de la réussite scolaire et universitaire de la jeu- nesse, prendra les décisions d’urgence pour empêcher la catastrophe ! » n
PNous voulons étudier !
ar la décision d’un confinement le 28 octobre, entraînant la fermeture de toutes les universités, Macron a décidé de virer tous les étudiants des universités. Et
les effets d’une telle mesure se font déjà ressen- tir : de plus en plus de témoignages d’étudiants débordés par le travail, qui abandonnent déjà les cours et qui craignent pour leur avenir.
Le constat de cette offensive brutale menée par le gouvernement, contre les étu- diants et toute l’université en général, est partagé à tous les niveaux, des étudiants aux professeurs et même par les présidents d’universités qui dénoncent cette décision comme « contraire à l’égalité des chances » (communiqué de la Conférence des présidents d’université, 29 octobre).
Alors que l’épidémie continue de faire des morts et de se propager, la seule réponse du gouvernement est un « confinement », mais pas pour les travailleurs, qui doivent se rendre au travail sans assurance de protection sani- taire sur leur lieu de travail, ni pour leurs enfants qui se rendent toujours à l’école, mais sans réel protocole sanitaire protégeant du virus.
Si le gouvernement avait voulu endiguer l’épidémie, il aurait accordé des moyens pour les hôpitaux, pour les écoles, imposé aux entre- prises des conditions sanitaires protectrices, généralisé les tests, distribué massivement et gratuitement masques et gel, et non pas imposé la privation pour les étudiants de leur droit à étudier !
À Jeunesse Révolution, nous combattons ce gouvernement qui remet en cause l’égalité des droits pour les étudiants. L’égalité des droits, c’est le droit pour tous les étudiants d’avoir accès à l’université et à un diplôme, dans les mêmes conditions pour tous. Et cela impose aujourd’hui la réouverture des universités, avec de vrais moyens pour empêcher la propagation du virus : distribution générale de masques et de gel en quantité suffisante, tests systéma- tiques, doublement du nombre d’enseignants pour permettre la distanciation, réquisition de locaux, etc.
Et qu’on ne nous dise pas qu’il n’y a pas d’argent ! Pour cela, il faut imposer la réquisi- tion des 560 milliards d’euros, que le gouverne- ment accorde aux patrons et aux banques grâce au vote unanime de l’Assemblée nationale le 19 mars, pour satisfaire les besoins des travail- leurs et de la jeunesse. n
Paul, étudiant
« Énormément d’élèves
décrochent complètement »
Anna, étudiante
à Villeneuve-d’Ascq (Nord)
« On est en train de passer un diplôme sans valeur »
Mélyne, étudiante à Tourcoing (Nord)
L’autonomie des
universités ajoute au chaos
Manon, étudiante à Évry (Essonne)
près le discours de Macron annon- çant la fermeture des universi- tés, le doyen de ma filière a décidé
   «J
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e suis actuellement en fac de japo- nais. On était censé avoir une réu- nion d’information début novembre,
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d’organiser à distance tous les exa- mens blancs. Pourtant, le lendemain, dans une assemblée en ligne, le président de l’université a décidé de rouvrir la faculté pour les examens officiels et les devoirs surveillés en se basant sur un récent décret. Un doute subsistait. La panique est totale chez tous les étudiants qui ont peur de ne pas être préparés. Certains étu- diants décident de demander plus d’éclaircisse- ments au doyen, qui annonce vouloir prendre sa décision la veille d’un de nos examens. Au regard des annonces du règlement de l’uni- versité, les modalités d’examen doivent pour- tant être indiquées quinze jours à l’avance. La cause de ces mesures contradictoires et de la désorganisation, ce sont les décisions prises par les gouvernements successifs permettant l’autonomisation des facs, dont les étudiants subissent les conséquences. » n
mais pour l’instant, on ne sait pas du tout comment ça va se passer. Pour ce qui est des cours, c’est une véritable catastrophe. Il y a déjà très peu de moyens dans ce cursus : pas assez de professeurs, très peu d’heures de cours (quatre par semaine), presque tout se fait sur Moodle (une plate-forme d’apprentissage en ligne – ndlr). En début d’année, on avait trois heures de tutorat. C’était ce qui m’aidait le plus. Mais comme la fac n’a pas les moyens, on est passé à une heure par semaine ! Pour ce qui est des “cours” par Zoom, c’est impossible à suivre. J’ai des cours d’écriture. Faire ça en visio, c’est une blague. Il y a ceux qui n’ont pas de connexion Internet, alors, pour les cours, c’est mort. Du coup, on se retrouve à devoir travail- ler complètement seul et énormément d’élèves décrochent complètement. » n
ans mon école d’art, la direction n’avait rien prévu en cas de reconfi- nement. À ce jour, 6 novembre,
nous ne savons pas quels ateliers nous pourrons faire “en présentiel”, alors qu’ils sont indispensables.
Notre formation a déjà été amputée de quatre mois à cause du premier confinement et nous sommes encore en train de chercher des substituts aux évaluations prévues plutôt que les moyens d’assurer un apprentissage de qualité.
Les quelques ateliers en présentiel ne peuvent accueillir que la moitié de l’effectif : on va donc tous perdre la moitié de notre année. Les aides prévues ne sont ni garanties ni suf- fisantes. Au final, on n’apprend rien, on ne se forme pas et on est en train de passer un diplôme sans valeur. » n
       C’ «Onveutlebac,paslecorona!»
est ce qu’on pouvait lire sur la pancarte d’une lycéenne manifestant devant son établissement mardi 3 novembre. Elle a raison. Alors que la protection sanitaire exige des moyens pour les hôpitaux, pour la gratuité des masques, des tests, un dépistage général et rapide, notamment dans les lycées, le gouvernement a préféré
verser 560 milliards d’euros dans les poches des patrons (qu’ils utilisent pour financer leurs plans de licenciement) avec le vote unanime de l’Assemblée nationale le 19 mars. Consé- quence de ce choix : aujourd’hui, une résurgence du virus.
Le gouvernement est responsable de la situation désastreuse dans les lycées. Nous n’acceptons pas cette situation !
Le ministre Blanquer – Monsieur Parcoursup, Monsieur sélection, Monsieur inégali- tés – prétend que la solution serait de fermer les cours partiellement, à mi-temps, avec des organisations différentes entre lycées. Nous revendiquons la continuité du lycée : de vrais cours, des professeurs et un vrai bac. Pour cela, il faut des mesures sanitaires : masques et tests gratuits pour tous, doublement des classes pour respecter les distances sanitaires, ce qui implique l’embauche massive de professeurs, la réquisition ou construction de locaux supplémentaires... Tout cela est réalisable, avec les moyens. Ces moyens existent : nous revendiquons, pour financer ces mesures, la réquisition des 560 milliards offerts aux banques.
On ne veut pas choisir entre notre droit à la santé et notre droit à l’instruction ! On veut des moyens ! Non à la répression !
Macron craint de voir les lycéens revendiquer leur droit légitime à étudier, ce qui se voit à la répression et au gaz lacrymogène qui s’abattent à l’entrée des lycées. Cette violence inacceptable de policiers contre des jeunes pacifiques vise à nous intimider. Mais rien ne peut arrêter le mouvement de la jeunesse groupée autour de ses propres revendications.
À Jeunesse Révolution, nous pensons qu’il est temps de renverser ce gouvernement pour le remplacer par un gouvernement des travailleurs et de la jeunesse, seul capable de mettre en place les mesures nécessaires, entre autres, à la défense du lycée, du bac et de l’enseignement.
Dernière minute. Le ministre Blanquer vient d’annoncer que les épreuves communes E3C – pourtant déjà inégalitaires car déterminées localement – allaient être remplacées par le contrôle continu. Inacceptable ! « On veut le bac, pas le corona ! » n
Contactez les militants de Jeunesse Révolution : jeunesserevolution2016@gmail.com
  Vendredi 6 novembre
  Lycée Le Dantec à Lannion, le 5 novembre 2020
 RÉACTIONS D’ÉTUDIANTS










































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