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2.1 - NOTE D'INTENTION DU RÉALISATEUR
Si j'entreprends aujourd'hui de m'investir dans le projet que je vous présente, c'est bien parce que le thème des Pirates de l'océan Indien me stimule depuis toujours. Je suis un auteur-réalisateur né à La Réunion et, comme beaucoup d’habitants de mon île, mon rapport imaginaire aux Pirates tend à relever d'un lien viscéral, voire d'un lien ancestral.
Ces silhouettes en tricorne nimbées de l'aura malé que de leurs trésors mystérieux, qui occupent une place réellement à part dans le panthéon de notre imaginaire créole, sont présents dans les recoins de cha- cune de mes créations. Ces  ibustiers d'antan sont donc forcément appelés à ressurgir ponctuellement dans mes oeuvres audiovisuelles. C'est encore le cas pour ce nouveau projet intitulé "BOWEN, l'or maudit des Pirates".
Avant toute chose, je veux dire qu'il ne s’agit pas pour moi, à travers ce documentaire, de magni er John Bowen, ce forban né aux Bermudes, ni de magni er les pirates en général. Tout pirate, peu importe l’angle sous lequel on s’y attache, a vocation à rester un être ambigu, clivant, fas- cinant et exécrable à la fois. Cependant, si l'on peut retirer quelque chose d'important de cette représentation collective du "bandit des mers", de cette  gure du forban que la littérature et le cinéma ont  ni par totale- ment réinventer, c'est bien la vérité suivante : les pirates parlent à nos rêves. Comme me l'expliquait en 2017 Alain Berbouche, l’un des intervenants de mon dernier  lm : « Ces pirates étaient des hommes comme vous et moi, mais on ne peut pas retirer la part de rêve qu’ils ont incarné et véhiculer. On ne peut pas retirer la dimension du rêve dans la piraterie, car autrement il n'en reste- rait pas grand chose ».
Cette part de rêve est donc intrinsèque à la  gure du pirate, personnage historique fait à la fois de chair et d'imaginaire. À ce titre, John Bowen et les trésors du "Speaker", son navire naufragé, ont clairement de quoi nous faire rêver le temps d'un  lm, tout comme ils ont fait rêver l'archéologue Patrick Lizé (voir page 19), l'homme qui a découvert cette épave pirate en 1980 et en a exhumé quelques vestiges exceptionnels, conservés depuis au Musée de Mahébourg, à Maurice.
[I INSTANTS DE TOURNAGE SUR LE FILM "LA BUSE"
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