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Pour parler des origines de l'idée de ce lm, il nous faut remonter au mois de septembre 2018 : j'ai personnellement été contacté à ce moment-là par Jean Soulat, chercheur et archéologue français ayant décidé de travailler sur le "Speaker" depuis quelques mois. Après m'avoir donné des détails sur ce navire pirate de 40 canons (peut-être français) ayant fait naufrage en 1702 sur la côte Est de l'île Maurice, nous avons discuté quelque peu de l'importance historique du pirate John Bowen, que je connaissais bien entendu, mais qui me semblait d'une aura moins irradiante que celle d'Olivier le Vasseur, dit "La Buse", sur lequel j'étais en train de faire un lm.
Dans le panthéon de l'océan Indien, il faut avouer que tous les autres for- bans sont clairement écrasés par la gure légendaire de La Buse et le poids que celui-ci détient dans l'imaginaire et l'Histoire des îles de cette région du monde. Mais Bowen dévoile néanmoins beaucoup de facettes qui en font un très beau sujet de documentaire. Jean Soulat m'a rappelé son origine britan- nique, qu'il était né aux Bermudes au XVIIe siècle, qu'après avoir accompli l'exploit dit de la "Ronde des Pirates" et rejoint l'océan Indien, il était devenu le capitaine d'un navire nommé "Speaker" avec lequel il avait fait d'impres- sionnantes prises aux abords de la Mer rouge ; prises dont la cargaison l'avait vraisemblablement rendu riche ainsi que les membres de son équipage. Ce qu'il faut savoir encore, outre son naufrage en 1702, c'est que Bowen a été amnistié puis est décédé en 1705 à La Réunion. Son décès a été enregistré par le gouverneur Villers. Ce lien de Bowen avec mon île natale ne m'était pas inconnu ; cela représente un point fort à mes yeux car il permet un ancrage de notre investigation documentaire dans l'Histoire maritime de La Réunion et, plus largement, dans celle de La France.
Au-delà de ce détail historique, le fait est que l'on se trouve face un for- ban appartenant clairement au gotha des pirates les plus célèbres. Il fait par- tie des 25 ibustiers évoqués par Daniel Defoe dans son livre sur la piraterie de 1724. L'épave de son "Speaker", noyée au fond des eaux mauriciennes, l'a même transformé, de par la simple rareté du phénomène (6 épaves pirates seulement ont été repérées dans le monde), en une gure incontournable, voire immortelle, de la Piraterie. John Bowen constitue, à ce titre, l'un des rares pirates dont l'on peut retrouver des traces matérielles en ce monde : celles-ci sont à 7 mètres de profondeur dans une zone située près de l'île aux Roches, à l'Est de l'île Maurice.
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