Page 16 - Tricentenaire 1721-2021

En arrivant dans la baie de Saint-Denis, les forbans découvrent la présence d’un grand navire portugais en réparation. La “Vierge du Cap” s’apprête à entrer à jamais dans l’Histoire de la Piraterie.
Au petit matin du 26 avril 1721 (ou du 16 avril 1721 selon les versions), deux vaisseaux battant pavillon anglais surgissent soudain dans les lumières de l’aube. Bientôt des coups de canons se font entendre, venant de la baie de Saint-Denis. Ils arrachent brutalement le vice-roi de Goa et sa petite cour à leur douce quiétude matinale.
La “Vierge du Cap” est attaquée !
D’après les chroniques de l’of cier de marine anglais Clement Downing1 :
“les pirates se sont rendus à l’isle Bourbon pour négocier clandestinement avec les Français qui habitent cette isle et qu’on suspectait de tra quer avec de tels pirates. Ils avaient aussi, à ce que nous comprirent ultérieurement, l’intention d’hiverner en prétendant être des East-Indiamen Anglais. Mais en arrivant ils voient un très grand vaisseau mouillé dans la rade ; ils jugèrent que ce vaisseau devait être un Anglais, un Français, un Hollandais ou un Portugais richement chargé qui retournait en Europe. Ils se préparèrent donc pour l’aborder”.
1 Clement Downing, A History of the Indian Wars. Londres, 1737.
LA “VIERGE DU CAP”, N’AYANT PLUS QUE QUELQUES CANONS POUR SA DÉFENSE, SUITE AUX AVARIES CAUSÉES PAR UN VIOLENT CYCLONE, SE DÉVOILE ÊTRE UNE PROIE FACILE POUR LES PIRATES.
Le Mercure de France, dans son édition de mai 1722, nous donne des détails concernant l’attaque : « Cependant le feu continuait de toutes parts, et déjà sept canons du vaisseau portugais étaient hors d’état de servir, (...). Ce qui donna moyen
aux forbans de monter à l’abordage pour une seconde fois et en vinrent à bord, sautant par le beaupré, par l’arrière et même par les sabords par où ils entrèrent près de deux cents hommes qui accablèrent les Portugais dont le nombre était fort diminué par les morts, par les blessés et par ceux qu’au nombre de treize, avaient gagné le vaisseau Le Victorieux et prit parti avec les forbans. Le reste de l’équipage se jette à la mer, tachant de gagner la terre à la nage ou se précipite dans la cale”.