Page 8 - Black Beautés Magazine
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PORTER NOTRE BEAUTÉ COMME


                             UNE ARCHIVE VIVANTE






































































                                Photo : blackbeautyandhair.com                                  Photo : Jennifer Warfield

      La beauté noire ne se limite pas à l’esthétique : elle est un témoignage, un territoire de résistance.
      Chaque peau foncée, chaque texture capillaire, chaque geste cosmétique est porteur d’histoire. Du beurre de karité
      transmis de grand-mère à petite-fille dans les villages du Burkina Faso aux bijoux créoles hérités des affranchis de
      Martinique, la beauté noire est une archive vivante — souvent non écrite, mais précieuse, transmise par les gestes,
      les rituels, les corps.

      Le  headwrap  des  Antilles  (mouli  ou  tignon)  :  Hérité  des  siècles  de  colonisation,  le  mouli  n’est  pas  un  simple
      accessoire.  À  partir  du  XVIIIe  siècle,  les  femmes  noires  libres  des  Antilles  —  en  particulier  en  Guadeloupe,  en
      Martinique,  à  Saint-Domingue  —  portaient  ce  foulard  comme  une  revendication  discrète  mais  puissante  de  leur
      statut et de leur féminité, à une époque où les lois coloniales (comme le Code Noir) limitaient leur visibilité. À Marie-
      Galante, selon le nombre de pointes ou leur position, une femme signalait si elle était mariée, courtisée, ou « libre
      de son cœur ». Ce langage visuel permettait aux femmes de reprendre une forme de pouvoir dans l’espace public
      tout en affirmant leur beauté.
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