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d’activités industrielles à la fin du XIX e siècle et au début du XXe . Rien ne
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               le montre mieux que les fusions acquisitions dans l’industrie électrique : au

               début XXe siècle existaient sept compagnies électriques en Allemagne, cinq
               en  1905,  et  deux  en  1912.  Ces  fusions-acquisitions  se  sont  accrues  à  un

               rythme  élevé  depuis  2004,  augmentant  de  88  %  de  2004  à  2005  pour
               atteindre  716  milliards  de  dollars.  Elles  ne  se  mettent  en  place  qu’avec
               l’appui des experts des banques et des fonds de placement qui, en dernier

               ressort,  investissent  directement  dans  l’opération  ou  la  financent  sous
               forme  de  prêts.  Comme  exemple  d’investissement  dans  l’agrobusiness  on
               peut  citer  le  fonds  de  placement  LMBO qui  a  créé  une  filiale  Agro Ed qui

               achète des milliers d’hectares au Bénin, en Guinée, au Mali pour cultiver une
               plante destinée à être transformée en  carburant, ou l’assureur AXA qui a
               investi  dans  un  fonds  spécialisé  dans  la  location  de  terres  agricoles  en

               Ukraine, ou encore le Crédit Agricole et la Société Générale qui ont mis en
               place le fonds Amundi Funds Global Agriculture pour acheter des terres et le

               Baring  Global  Agriculture  Fund  pour  investir  dans  les  sociétés
               agroindustrielles.


               Cette nouvelle croissance des concentrations financières s’est  notamment
               opérée  grâce  à  141  «méga-transactions»  d’une  valeur  supérieure  à  1
               milliard  de  dollars,  et  grâce  aux  investissements  de  fond  communs  de

               placement . La dimension financière est centrale dans les investissements
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               directs étrangers (IDE) dans la production alimentaire des pays émergents
               passant,  comme  le  chiffre  la  Cnuced,  de  600  millions  de  dollars  chaque

               année  vers  1990  à  3  milliards  de  dollars  en  2007-2008  .  Le  capital
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               « fictif »,  comme  le  dénommait  Marx,  prélève  des  bénéfices  toujours

               croissants sur les opérations de fusion-acquisition et sur les émissions de
               titres qui s’ensuivent . Les multinationales qui résultent de ces processus
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               concentrent un capital financier conséquent (la capitalisation boursière des

               100 plus grandes entreprises dépasse les 20 000 milliards de dollars). Ces
               fusions-acquisitions  permettent  une  augmentation  de  « la  valeur
               actionnariale »  en  améliorant  la  rentabilité  des  capitaux  investis :  elles

               distribuent  des  dividendes  en  hausse (en  France  les  dividendes  ont
               augmentés de 47 milliards d’euros en 2017 à 51,8 milliards en 2019 ; dans



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                 Lénine V.I., L’impérialisme stade suprême du capitalisme, Paris, Editions sociales, 1945 (1e édition 1916)
               37Rosenblat  C.,  Les  entreprises  multinationales  :  un  processus  urbain  dans  un  environnement  international  et
               transnational,  L'Information géographique 2007/2 (Vol. 71), pages 43 à 66
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                  Delcourt L., Les dynamiques d’expansion de l’agro business, IN Alternatives Sud, Emprise et empreinte de l’agrobusiness,
               Paris, Editions Syllepse, 2012.
               39  Le capital financier prélève aussi des bénéfices sur les emprunts d’Etat
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