Page 18 - Lux in Nocte 16
P. 18

5HYHQDQW G·XQH YLVLWH j VD V±XU proche de O·DJRQLH  OH    VHSWHPEUH       3DXO &ODXGHO
                     est bouleversé comme en témoigne son journal et quatre jours plus tard il réalise,
                     comme une VRUWH G·LOOXPLQDWLRQ  TXH VL[ VFXOSWXUHV GH &DPLOOH VFDQGHQW WRXWH VD YLH
                     OHXU VXFFHVVLRQ RUGRQQpH VRQW OD FOHI GX VHQV TX·LO FKHUFKDLW HQ YDLQ MXVTX·DORUV  OD
                     SHUVSHFWLYH G·XQH H[LVWHQFH FKDRWLTXH HW G·XQH ±XYUH EULVpH  ,O D pFULW :

                           Réflexion sur la VFXOSWXUH GH PD V±XU TXL HVW XQH FRQIHVVLRQ WRXWH LPSUpJQpH GH VHQWLPHQW
                           de passion, du drame intime.
                           La 1  ±XYUH /·$EDQGRQ  FHWWH IHPPH TXL V·DEDQGRQQH j O·DPRXU  DX JpQLH
                               ère
                               /D  9DOVH   GDQV  XQ  PRXYHPHQW  VSLUDO  HW  XQH  HVSqFH  G·HQYRO  HOOH  HVW  HPSRUWpH  Gans  le
                           tourbillon de la passion
                              /D 9DJXH  OHV WURLV EDLJQHXVHV TXL VH WLHQQHQW SDU OD PDLQ HW TXL DWWHQGHQW O·pFURXOHPHQW
                           GH O·pQRUPH YDJXH DX-GHVVXV G·HOOHV
                              /·ÇJH P€U  ±XYUH OD SOXV GpFKLUDQWH  ² /·KRPPH  OkFKH  HPSRUWp SDU O·KDELWXGH HW OD
                           fatalité mauvaise, cette jeune femme à genoux derrière lui et séparée qui lui tend les bras.
                           5. La Cheminée ² O·DEDQGRQQpH TXL UHJDUGH OH IHX
                              3HUVpH  OD GHUQLqUH ±XYUH- Le héraut regarde dans un miroir la tête de la méduse (la folie !)
                           que le bras droit lève verticalement derrière lui.


                     Un  élan  créateur  a  soulevé  leur  vie  dont  le  souffle  a  élevé  leurs  liens  sur  un  plan
                     supérieur  qui,  tout  en  leur  donnant  une  appréhension  globale  de  la  création,  les
                     enfermait  dans  la  solitude.  Pour  Camille  que  sa  personnalité  impérieuse  place  au
                     centre, la solitude représente tour à tour un défi, une chance, et un piège. Pour Paul,
                     étant inscrite dans son être, elle fonde son rapport au monde et à son créateur. La
                     fraternité de génie n'échappe pas à Paul qui la redoute à mesure que Camille perd
                     pied : © - DL WRXW j IDLW OH WHPSpUDPHQW GH PD V±XU ª

                     Le poète sent que leurs destins sont liés et craint le même sort, confiant son épouvante
                     à son journal : « Pourquoi est-elle tombée si bas ? ». En mai ou juin 1912, un an avant
                     O·LQWHUQHPHQW GH VD V±XU j 9LOOH-(YUDUG  LO DERUGH OH WKqPH GH OD IROLH DX PRWLI G·XQ
                     SDVVDJH  FRPPHQWp  GX  7LPpH  GH 3ODWRQ VXU OHV  PDODGLHV  GH  O·kPH  /RLQ  G·rWUH  XQH
                     « décoordination de nos cellules nerveuses ª VHORQ OD WKpRULH PDWpULDOLVWH G·DORUV  HOOH HVW © une
                     HVSqFH GH VpSDUDWLRQ GX PRQGH  G·DXWRQRPLH PRQVWUXHXVH GRQQpH j O·LPDJLQDWLRQ TXL LPSRVH VHV
                     rêves au possédé ».

                     Paul Claudel connaît depuis longtemps sa fragilité. En 1893 il invite son ami Marcel
                     Schwob, poète symboliste qui mourra à 37 ans en 1905, à le traiter « FRPPH TXHOTX·XQ
                     TXL QH IDLW SDV GH VRQ HVSULW FH TX·LO YHXW  GpSHQGDQW G·XQ FHUWDLQ GpPRQ ». On notera que le
                     sensible Patrick Modiano, écoutant la voix de Paul Claudel enregistrée à la radio en
                     1943 lors de répétitions du Soulier de satin avec Jean-Louis Barrault dira « Il était habité
                     par la folie ª  FRQFOXDQW TXH OHV KRQQHXUV  GRQW O·pFULYDLQ pWDLW DORUs couvert, sont une
                     illusion pour un poète.
                     François Mauriac, qui le reçut j O·$FDGpPLH )UDQoDLVH OH 13 mars 1947, a consacré à Claudel
                     académicien plusieurs pages de son Bloc-notes : « Et qui dira le splendide isolement de Claudel ? Booz
                     dont le socle est fait de gerbes accumulées, avec Dieu à portée de sa voix, mais aucune rose à ses pieds, seulement
                     ces grains de sable que nous sommes... »








                                                                                                         3

                                                           18
   13   14   15   16   17   18   19   20   21   22   23