Page 18 - Lux in Nocte 16
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5HYHQDQW G·XQH YLVLWH j VD V±XU proche de O·DJRQLH OH VHSWHPEUH 3DXO &ODXGHO
est bouleversé comme en témoigne son journal et quatre jours plus tard il réalise,
comme une VRUWH G·LOOXPLQDWLRQ TXH VL[ VFXOSWXUHV GH &DPLOOH VFDQGHQW WRXWH VD YLH
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Réflexion sur la VFXOSWXUH GH PD V±XU TXL HVW XQH FRQIHVVLRQ WRXWH LPSUpJQpH GH VHQWLPHQW
de passion, du drame intime.
La 1 ±XYUH /·$EDQGRQ FHWWH IHPPH TXL V·DEDQGRQQH j O·DPRXU DX JpQLH
ère
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tourbillon de la passion
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fatalité mauvaise, cette jeune femme à genoux derrière lui et séparée qui lui tend les bras.
5. La Cheminée ² O·DEDQGRQQpH TXL UHJDUGH OH IHX
3HUVpH OD GHUQLqUH ±XYUH- Le héraut regarde dans un miroir la tête de la méduse (la folie !)
que le bras droit lève verticalement derrière lui.
Un élan créateur a soulevé leur vie dont le souffle a élevé leurs liens sur un plan
supérieur qui, tout en leur donnant une appréhension globale de la création, les
enfermait dans la solitude. Pour Camille que sa personnalité impérieuse place au
centre, la solitude représente tour à tour un défi, une chance, et un piège. Pour Paul,
étant inscrite dans son être, elle fonde son rapport au monde et à son créateur. La
fraternité de génie n'échappe pas à Paul qui la redoute à mesure que Camille perd
pied : © - DL WRXW j IDLW OH WHPSpUDPHQW GH PD V±XU ª
Le poète sent que leurs destins sont liés et craint le même sort, confiant son épouvante
à son journal : « Pourquoi est-elle tombée si bas ? ». En mai ou juin 1912, un an avant
O·LQWHUQHPHQW GH VD V±XU j 9LOOH-(YUDUG LO DERUGH OH WKqPH GH OD IROLH DX PRWLI G·XQ
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« décoordination de nos cellules nerveuses ª VHORQ OD WKpRULH PDWpULDOLVWH G·DORUV HOOH HVW © une
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rêves au possédé ».
Paul Claudel connaît depuis longtemps sa fragilité. En 1893 il invite son ami Marcel
Schwob, poète symboliste qui mourra à 37 ans en 1905, à le traiter « FRPPH TXHOTX·XQ
TXL QH IDLW SDV GH VRQ HVSULW FH TX·LO YHXW GpSHQGDQW G·XQ FHUWDLQ GpPRQ ». On notera que le
sensible Patrick Modiano, écoutant la voix de Paul Claudel enregistrée à la radio en
1943 lors de répétitions du Soulier de satin avec Jean-Louis Barrault dira « Il était habité
par la folie ª FRQFOXDQW TXH OHV KRQQHXUV GRQW O·pFULYDLQ pWDLW DORUs couvert, sont une
illusion pour un poète.
François Mauriac, qui le reçut j O·$FDGpPLH )UDQoDLVH OH 13 mars 1947, a consacré à Claudel
académicien plusieurs pages de son Bloc-notes : « Et qui dira le splendide isolement de Claudel ? Booz
dont le socle est fait de gerbes accumulées, avec Dieu à portée de sa voix, mais aucune rose à ses pieds, seulement
ces grains de sable que nous sommes... »
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