Page 49 - Lux in Nocte 16
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                                               ARTICLE IN PRESS
                  PALEVO-951; No.of Pages12




                                                    M. Otte / C. R. Palevol xxx (2016) xxx–xxx

                    Entendons l’esthétique comme toute activité aux  fonctionnement social, coordonné grâce aux rituels col-











                  sources d’émotions.  Ainsi,  ne  s’agit-il  pas  seulement  des  lectifs chantés,  costumés,  dansés.  Ces  activités  impliquent


                  arts plastiques,  comme  la  peinture  ou  la  sculpture,  mais  elles-mêmes l’usage  d’accessoires,  souvent  très  matériels,


                  aussi des  arts  dits  «  linéaires  »,  déroulés  dans  le  temps  et retrouvés  par  l’archéologie,  au  même  titre  que  les  figu-


                  tels les  contes,  la  musique  ou  la  danse.  Ces  sources  émo-  rations où  elles  sont  évoquées.  Ces  échanges  profonds


                  tionnelles entretiennent  une  relation  profonde  avec  la  affermissent le  groupe  et  passent  insensiblement  des  acti-


                  conscience, car  elles  la  dominent  largement.  Combinée  vités physiques  aux  composantes  spirituelles  partagées.  Là


                  à la  raison,  l’émotion  participe  à  l’emprise  spirituelle  de  également, l’approche  neurologique  devrait  être  engagée


                  l’humanité sur  le  monde  non  humain  :  l’une  et  l’autre  en parallèle  aux  évidences  comportementales.


                  lui offrent  une  signification  qui  le  rend  désormais  intel-  L’anthropologie atteste  la  fréquence  de  tels  échanges


                  ligible. Une  des  relations  fondamentales  à  établir  dans  sociaux liés  à  la  proximité  des  foyers,  là  où  la  communauté


                  notre recherche  se  situe  aux  intersections  entre  les  acti-  se rassemble  et  se  rassure  (Fig.  1).  Dans  cette  situation  favo-


                  vités neuronales  et  tous  les  arts  aux  pouvoirs  émotionnels  rable, les  contes  et  les  mythes  se  transmettent  par  voie


                  si puissants.                                    orale, ils s’y assortissent de valeurs  complémentaires  à  la






                                                                   signification :  l’onirisme,  le  lyrisme,  l’intrigue,  le  ton,  le  son.

                  1. Les arts linéaires                            Sous cette forme, instructive  et  belle,  le  récit  met  en  œuvre






                                                                   des mécanismes  de  mémorisation,  encore  à  explorer  par

                    Les manifestations esthétiques déroulées dans le temps  la neurologie, et la tradition  s’y  perpétue  par  son  appel  au










                  se présentent  aujourd’hui  comme  totalement  universelles.  rêve, comme  par  son  besoin  d’un  sens,  d’un  ordre.


                  Aucune population  humaine  ne  peut  se  dispenser  de  la  L’archéologie préhistorique nous offre  de  nombreux




                  musique, du  récit  ou  de  la  danse,  tous  inclus  dans  le  témoins de  ces  activités  fondamentales,  comme  les


                  Fig. 1. Fonction onirique. Le premier art passe par l’imagination offerte via l’échange oral des contes, de récits légendaires. Leur beauté tire sa fascination























                  de la  confrontation  entre  divers  modes  :  l’affection,  les  valeurs  et  le  rêve  (Bochimans  en  veillée  et  foyer  de  Terra  Amata).

                  Fig. 1.  Onirism.  The  first  art  goes  through  imagination  towards  vocal  exchange  given  by  tells,  legends.  Their  beauty  comes  from  fascination  between

                  different fashions:  affection,  values,  and  dreams  (here  Bushmen  at  night,  compared  with  a  hearth  from  Terra  Amata).

                   Pour    citer    cet    article    :    Otte,    M.,    Arts    et    pensée    dans    l’évolution    humaine.    C. R. Palevol    (2016),


                   http://dx.doi.org/10.1016/j.crpv.2016.05.001  49
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