Page 25 - Lux in Nocte 13

LETTRES

Ma douce vagabonde

Gerald F Spencer - Octobre 2020

Nourrissant son été, reluquant son corsage
Il me l’a dérobée d’un sourire en dentelle
Si au moins elle fut un tant soit peu volage
Me serais-je soucié de Caïn et d’Abel ?

Tu es vif mais la vie n’est point qu’amusement
L’époux doit posséder de l’amant et du père
Frêle esquif, ta magie se perdra dans le temps
Tu ne sauras l’aimer sans lui faire manières

Car Aimer est un fleuve que vous jeunes perdreaux
Croyez pouvoir barrer d’un détour du regard
Mais si les larmes pleuvent, que devient le bateau ?
S’en ira-t-il voguer et larguer ses amarres ?

Mon amour je t’en prie laisse donc ce judas.
Sans once de fierté pour t’emmener ainsi
Cet accès de folie ne te ressemble pas
Quand donc ai-je fauté souviens-toi qui je suis

Tu m’as donné deux fils ton âme et une fille
Je me souviens encor de nos vieilles querelles
De bâtons de réglisse et de parties de billes
Et de toi mon trésor, enrobée de dentelles
Illustration de Konstantin Razumov
À genoux s’il le faut j’irai au bout du monde
Ne me laisse pas là, je t’en prie n’aie pas peur.
Et reviens-moi bientôt ma douce vagabonde.

Ne me laisse pas là à hurler mon malheur

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