Page 55 - Bouffe volume 3 - Surgelée
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En approchant la piste d’atterrissage à Kelavik, je vois apparaître le fameux site du Lagon bleu. L’immense trou d’eau thermale azurée me rassure, et je commence à gigo- ter d’excitation dans mon siège. Je rêve déjà de boire une bonne bière froide en lottant dans les eaux thermales thé- rapeutiques et de me couvrir de la tête aux pieds de cette boue grisâtre magique qui, dit-on, fait disparaître les rides et la cellulite.
L’autobus me transporte à Reykjavik, la capitale de l’Islande. Avec une population nationale de 300 000 habitants, dont 200 000 habitent la capitale ou les banlieues avoisinantes, tout le monde en ville se connaît et se salue. La population est tellement petite que les Islandais ont une app pour s’assu- rer que leur amoureuse ou amoureux n’est pas de la parenté!
Je laisse mon sac à dos à l’auberge de jeunesse Loft Hostel en plein centre-ville. Je pars explorer le musée national, le port rempli de petits bateaux rouges, bleus, verts et blancs, la sculpture métallique d’un bateau viking (le Sun Voyager) et l’église Hallgrimskirkja qui domine du haut de la colline.
Il fait un froid de canard même au mois de mars! C’est en dégustant leur fameux hot dog, le Bæjarins Beztu Pylsur (en français « Meilleurs hot-dogs de la ville ») — qui doit être commandé tout garni (je précise : de la moutarde brune su- crée, du ketchup, des oignons émincés crus, des oignons frits, et de la mayo à l’aneth) — qu’un gentil Islandais blond aux yeux bleus perçants me conseille de me procurer un
lopapeysur, un chandail fait de laine islandaise reconnu pour ses motifs à l’encolure. Les Islandais sont d’origine norvégienne, et leurs moutons le sont aussi! En fait, le seul mammifère natif de cette île est le renard arctique. Les trou- peaux de moutons et de chevaux, eux, sont de race pure puisqu’après avoir été importés, ils ont été isolés durant des générations par un océan glacial. Bref, pour se protéger du vent et se garder au chaud, un chandail lopapeysur est un choix sûr!
Le gentil Islandais qui, comme de fait, s’appelle hor, m’in- vite au pub et me présente à ses amis et à quelques bières de la région. Des bières blondes et rousses nous réchaufent après une journée dehors au froid. Une, deux, trois pintes descendent bien et je décide de poser une question impor- tante à ces gentils jeunes hommes de descendance viking : « Croyez-vous aux trolls? »
Voilà que la salle se divise. D’un côté, les non-croyants : « Ce ne sont que les petits vieux et les jeunes enfants qui croient aux trolls! », me disent-ils. De l’autre, ceux qui croient, et qui se mettent à partager des histoires contées par le cousin d’un ami dans un village tranquille des Fjords du Nord-Ouest. Lorsque quelque chose d’inexplicable ar- rive, ce sont les trolls qui vivent dans les montagnes qui en sont responsables. On m’explique que, trop souvent, lors de travaux de construction, on retourne au travail le lendemain et la machinerie ne fonctionne plus. Les téléphones intelli-
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phot. 1-5-6 Andrés Nieto Porras, phot. 2 Chris Wronski, phot. 3 Andrea Schafer, phot. 4 Marco Belluci