Page 60 - Bouffe volume 3 - Surgelée
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L’hiver bat son plein au Manitoba. Ces dernières 24 heures, près de 30 centi- mètres de neige sont tombés. Toutes les cheminées fument, comme pour porter une prière vers les cieux. Les toits des maisons sont d’une blan- cheur aveuglante. Quelques lumières de Noël à peine visibles rappellent que c’était, il y a peu, la période des fêtes de fin d’année. Les parcs, les rivières et même les rues sont vêtus d’un beau
60 duvet blanc. Le mercure affiche 30 °C au-dessous du point de congélation.
Les rues sont quasi désertes. La plu- part des Winnipegois sont au chaud dans leur maison en ce samedi matin. Quelques-uns sortent toutefois à con- trecœur, pour aller travailler ou s’appro- visionner à l’épicerie la plus proche. D’autres, bien emmitouflés, font leur marche matinale au grand plaisir de leur chien qui gambade à cœur joie dans la neige. Je passe devant la bou- langerie du quartier. L’odeur du pain, à peine sorti du four, mêlée à celle du café moulu, me titille l’estomac et m’invite à une pause.
Me réchauffant à l’intérieur, je vois passer deux braves cyclistes sur leur
vélo. « Ils sont fous! », s’exclame une jeune femme assise à la table voisine de la mienne, en tirant sur son man- teau tout en se vautrant davantage dans son siège. Quelques minutes plus tard, me revoilà, sillonnant les rues du quartier francophone de Winnipeg, Saint-Boniface, qui se prépare pour la 47e édition de son célèbre festival hiver- nal, le Festival du voyageur.
On célèbrera la culture canadienne- française à compter du 12 février. Une belle occasion pour se gaver de poutine, de soupe aux pois et d’autres bouffes. Ce sera aussi le temps de se sucrer le bec à coup de tire d’érable et de tartes au sucre, lot de consolation en atten- dant la fin de l’hiver. Pour les fêtards, les journées se termineront dans un bain de caribou. Sur le site officiel, les préparatifs ont débuté. La neige qui envahit les rues de la ville est même une bénédiction. Bientôt débutera l’érection de structures de neige.
À une minute de marche du site offi- ciel du Festival du voyageur, habite un jeune Franco-Manitobain, André Ver- mette, tout juste trentenaire. Comme il fait très froid dehors, il se réchauffe
QUAPONIQUE
ffffMAISON
txt. + phot. Wilgis Agossa
GARDE-MANGER