Page 68 - Bouffe volume 3 - Surgelée
P. 68
Un beau jour, je suis sortie sous la neige outaouaise et le 68 froid a fait éclater la monture de mes verres fumés. Mon désir d’endurer un autre hiver canadien a éclaté par le fait
même. L’automne suivant, nous avons émigré à Monaco. Pour moi, Monaco n’était rien de plus qu’un terrain de jeu glamour pour le jet set. Pourtant, à la suite de notre démé- nagement, j'ai été agréablement surprise par la nourriture qu'on y retrouve; c'est sans contredit l'une des meilleures que j’ai goûtée. Je ne parle pas des plats l'on sert dans les restaurants — qui servent un flot incessant de touristes —, mais plutôt des aliments frais vendus dans les nombreux
marchés extérieurs de Monaco.
L’endroit où je préfère faire mes courses, c’est sous la
loggia du Marché de la Condamine. Trois des marchands —
Gilbert, Romy et Domenico — sont de petits producteurs
locaux qui vendent les produits qu’ils cultivent aux Moné- gasques et aux nouveaux résidents qui leur sont reconnais-
sants. Romy a d’ailleurs reçu l’appellation Producteur Artisan
de Qualité par le Collège Culinaire de France.
Ma vie à Monaco m’a amenée à changer mon approche en ce qui a trait à la cuisine. C’est pour moi l’un des plus grands avantages d’être partie d'Ottawa. Dorénavant, je ne me de- mande plus ce que je vais cuisiner, je m’inspire simplement des produits que me proposent mes producteurs favoris. Grâce à eux, le terroir et les saisons guident mes menus.
Mais au-delà de la nourriture, pourquoi j’aime tant vivre sur la Côte d’Azur? Parce que je n’ai plus à subir les hivers casse-lunettes!