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Christine Adamo - Copyright NMS51GC





                        Le papa hippocampe, lui, il a un petit sac dans le ventre qui s'ouvre,

                        pareil qu’une fermeture éclair, même qu’on doit pouvoir la réparer

                        avec les outils que papa achète chez Castorama. Du coup, je trouve
                        ça  drôlement  plus  pratique.  Des  fois,  je  voudrais  être  un

                        hippocampe. Et jamais avoir eu de mère.

                               Il y a des dessins de petits hippocampes jaunes et bleus sur
                        le  mur  tout  autour  de  ma  chambre.  Ils  se  suivent  de  tout  près

                        comme s’ils faisaient la queue au supermarché, mais sans caddie.

                        C'est  joli.  Mais  c’est  aussi  un  peu  bête  parce  que  j'en  vois
                        seulement cinq de chaque côté de la fenêtre par où on voit la cour,

                        vu que les autres sont cachés par les étagères. Je crois que ceux qui

                        étaient  derrière  les  livres,  ils  sont  repartis  à  la  mer.  Ça  doit  pas

                        aimer tellement les livres, un hippocampe. En plus, dans l'eau, on
                        peut  pas  lire.  Le  papier  fond.  Et  ça,  j’en  suis  sûr.  Vu  que  j’ai

                        essayé.

                               C'était  un  vieux  livre  que  j'avais  pris  dans  la  chambre  de
                        maman.  Ça  s'appelait  Ce-que-savait-Maisie.  Et  c'était  l'histoire

                        d'une petite fille qui disait rien mais qui espionnait tout le monde.

                        C'était des fois marrant et des fois triste. Mais vu qu’il y avait pas

                        d’animaux  qui  mouraient,  ça  me  gênait  pas  trop.  Le  seul  truc
                        embêtant,  c’est  que  j’étais  dans  mon  bain.  Donc  l'eau  de  la

                        baignoire a commencé à grimper sur mes doigts et sur le livre. Les

                        pages  se  sont  sauvées  pendant  que  je  les  tournais.  A  la  fin  de
                        l'histoire, la couverture était toute nue sans son intérieur. Et mon

                        bain  ressemblait  à  un  étang  des  feuilles  de  nénuphars  carrées  et

                        recouvertes de crottes de mouche tout en ordre.
                               Forcément, maman est arrivée à ce moment-là. Toute façon,

                        elle me laisse jamais m'enfermer dans la salle de bain vu qu’elle





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