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Christine Adamo - Copyright NMS51GC

J'en ai marre. Je vois jamais rien ni à la télé ni sur

l’ordinateur ni sur la tablette. Ni sur rien. Je connais rien. Et c'est la

faute de maman.
Un-enfant-doit-être-élevé-dans-l'affection-et-la-

compréhension, mais-avec-fermeté-et-rigueur. Il-s’agit-de-lui-

donner-des-bases-solides, elle dit tout le temps. Il-faut-surtout-lui-
serrer-la-vis-à-ce-gamin, il répond le-père-de-maman, celui qui a

du sang-de-zizi dans le cerveau. Et après, il me coupe les ongles

tout près des doigts et je saigne. Ah-non, tu-ne-vas-pas-
pleurnicher-quand-même ! Tu-es-une-fillette-ou-quoi ? Les-ongles-

longs-c'est-sale ! Alors maman le regarde avec ses poils-des-yeux

qui gondolent comme quand elle crie contre moi. Mais contre lui,

elle crie jamais. Et elle l’empêche pas. Et quand il a fini, elle
m’embête encore. Tom, tu-sais-bien-qu'il-est-interdit-de-parler-en-

mangeant. Tom, quand-tu-lis-un livre, il-faut-le-ranger-à-sa-place.

Tom, tu-ne-quitteras-pas-ton-bureau-avant-d'avoir-résolu-cette-
équation.

Toute façon, maman trouve toujours les autres plus

intelligents que moi. J'ai-un-étudiant-de-première-année-qui-est-

incroyablement-doué, je-n’ai-jamais-vu-ça, elle dit. Evidemment
qu'il est plus intelligent que moi, l'étudiant de première année. Il est

vieux, lui. Je déteste les étudiants et les équations et les

remarquables identités. Je déteste les maths.
Tu-peux-le-faire, Tom. Tu-sais-pertinemment-que-tu-peux-

le-faire. M'en fous. Je veux qu'elle me laisse tranquille, qu'elle me

laisse avec papa. Elle, je l’aime pas. Elle me laisse jamais faire ce
que je veux. Elle me montre même pas son affection qui, toute

façon, est même pas de l’amour donc ça vaut rien de rien. Elle est

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