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Christine Adamo - Copyright NMS51GC





                        comme  il  fait  avec  les  vaches  ou  les  moutons  quand  il  réussit  à

                        passer sous les fils barbelés des champs. Du coup, je suis obligé de

                        le tenir. Et souvent, j'enroule la laisse autour d'un arbre. Sinon il est
                        tellement costaud qu’il me traînerait sans s'en rendre compte. Il l'a

                        déjà fait une fois et c’est sûr que c’était pas exprès. Mais j'avais le

                        ventre tout raboté et les genoux aussi.
                               En hiver, avec Bismuth et papa, on sort se promener même

                        quand il fait super-froid avec le mercure qui se cache tout au fond

                        du  vieux  thermomètre.  Il  y  a  que  si  on  sent  que  notre  cerveau
                        commence à geler par les trous des oreilles qu’on s'entoure la tête

                        avec  une  écharpe.  Et  on  rigole  bien  parce  qu'on  ressemble  à  des

                        œufs de Pâques.

                               L'hiver  de l’année  dernière, le ruisseau qui  est au fond du
                        ravin de l'ours a débordé, et après il a gelé. A l'entrée du ravin, il y

                        a des rochers méga-hauts qui tombent à pic et qui pleurent tout le

                        temps de l'eau. Cette fois-là, les rochers avaient gelé leurs larmes
                        en stalagmites et en stalactites. Du coup, quand le soleil peignait sa

                        lumière sur les bâtons transparents et longs comme les tuyaux de

                        l'orgue à la cathédrale de Paris, ça ressemblait à un conte de fées.

                               Moi, je regardais ça, et j'avais cassé un bout de glace d’eau
                        pour faire comme si c'était un cornet Miko au cinéma que maman

                        m’interdit.  En  y  pensant  méga-fort,  ça  sentait  vraiment  la  fraise.

                        L’ennuyant,  c’est  qu’au  bout  d'un  petit  temps,  ma  langue  a
                        commencé à geler aussi et  je sentais plus rien du tout. Alors j'ai

                        donné le reste de glace à Bismuth qui sautait depuis cinq minutes

                        après moi parce qu'il croyait que je mangeais quelque chose pour
                        de vrai. Seulement lui, il a vu tout de suite que c'était que de l'eau

                        gelée  parce  qu’il  a  pas  d’imagination.  Sauf  quand  j'ai  un  sac  en





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