Page 9 - reves leon
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Grève en prose à Poulfoen
Là-bas, tout au fond, peut être à l’horizon, remontent des embruns. Dans
le sable mes pieds se perdent. Je marche sur la grève dans l’espoir un peu
vain de ressentir la force et le mystère marin. Mes oreilles sont pleines du
ressac. Mes yeux suivent entre houle et dune, cet aplat de varech qui fuit
plus loin au-delà du lointain. Je marche sur la grève, une rime facile tourne en
ritournelle : la grève du rêve, le rêve sur la grève, elle finit par se confondre
avec la brise qui se lève, assourdit mes songes, et c’est le rêve en grève. Une
petite bourrasque un peu salée me fouette, je me réveille, la brume confuse
qui endormait mes songes se dissipe sans faillir comme la mer se retire. Les
nuages gris sont toujours là près de l’horizon, mais pour l’instant je souris à
l’écume blanche qui ravive les algues de la mer encore bleue. Un jour peut-être
je comprendrais cette force intime et en même temps partagée, que le sable
et les dunes, l’océan et les algues nous transmettent depuis la nuit des temps.
Un jour peut-être je comprendrais, ou pas, est-ce si important au fond ? mon
cœur, mes sens et mon corps eux ont compris, juste il me faut les entendre.
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