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Claudie SIKIRDJI
Tous pareils !
La mort ça rompt les frontières ...
« Je crois que nous sommes là pour quelque temps.
Le canon tape dur depuis quelques jours, nous voyons
les obus éclater, j'en rapporte même un morceau. mais
rassurez vous je suis en sécurité. Nous sommes passés
près du pays où marius a été soldat. Il y a eu bataille
par là ; ce que nous avons vu était affreux affreux des
morts français et allemands et des chevaux morts et
abandonnés ça sent très mauvais, dans une ferme il y a
des porcs qui léchaient des morts prussiens le vétérinaire
les a tués à coups de pistolet.
Nous avons vu des morts allemands ils avaient été surpris
la nuit par les français le feu a pris à la ferme ils étaient
carbonisés. Tout ça n'est pas bien beau. »
Extrait d'une lettre qu'un soldat de la guerre de 14 (mon père)
envoyait à ses parents.Il terminait sa lettre par les formules de
grande politesse et même de réconfort en usage à cette époque-là.
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